La frontière danubienne est sous pression au cours du milieu du IIIéme siècle de notre ère. Cela impose à l’Empire romain un effort militaire renouvelé, alternant succès et échecs dramatiques, avec en contrepartie un effort financier et monétaire parallèle et continu pour payer les soldes dans un contexte troublé par des usurpations et des invasions.
Il était donc tentant d’attribuer à un autre atelier monétaire, plus proche que Rome du théâtre des opérations danubiennes, des frappes présentant des variations (légendes, style, thèmes) par rapport aux monnaies romaines : Milan a été choisi (cf. RIC). Mais ce n’était pas la seule possibilité.
En effet, l’existence d’un atelier officiel frappant des ‘antoniniani’ à Viminacium est communément acceptée à un moment où cessent dans cette ville les frappes coloniales P M S VIM (datées de l’an XVI) sous Valérien et Gallien, soit en 255-6, frappes commencées en 239 sous Gordien III et complétées par celles de PROVINCIA DACIA débutant sous Philippe. Il serait donc tentant d’attribuer à cet atelier monétaire proche du théâtre des opérations danubiennes, des frappes qui, depuis Gordien III, et ce pour tous les règnes de la période, présentent un caractère plus ou moins officiel et comportent des variations sensibles dans les thèmes représentés, le style et les légendes par rapport à Rome et certaines similitudes (légendes d’avers, style) avec les frappes coloniales de Viminacium. Une émission d’Emilien est attribuée à un atelier balkanique ; une série d’antoniniani est attribuable selon l’analyse du trésor de Cunetio pour le règne de Trébonien Galle et Volusien à un possible ’branch mint’; pour Trajan Dèce les 3éme et 4éme émissions (de Rome) ont des légendes d’avers abrégées de façon peu commune et des revers avec un contenu ‘danubien’; pour Pacatien les frappes d’ ‘antoniniani’ sont attribuées à Viminacium, qui, par ailleurs, ne frappe pas de monnaies coloniales pour l’AN X ; pour ‘Philippus et sui’ une série est difficile à intégrer dans les émissions romaines et pour ce règne et le précédent des ‘imitations’ d’’antoniniani’ sont répertoriées.
En raisonnant à rebours à partir de 255-6 il serait donc possible de faire remonter à 248 des frappes officielles épisodiques d’antoniniani et de les attribuer à un atelier monétaire secondaire occidental qui pourrait être l’atelier de Viminacium (en s’appuyant aussi sur la composition des trésors monétaires de la région), au détriment de Milan qui à l’époque ne présentait pas de tradition monétaire.
Mais la tendance est, semble-t-il, actuellement, de tenter de réintégrer la plupart de ces frappes dans les émissions romaines en y mettant néanmoins des ‘caveat’ (possible ‘branch mint,’ modification de la succession des émissions…).
Une question qui n’est, évidemment, pas tranchée de façon formelle…