Question quant aux ateliers et à leur utilisation

Bonjour à tous,

Une question un peu bête... mais ça me taraude.

Lorsque l'empire était scindé en deux, et avait donc deux empereurs, l'un à l'ouest et l'autre à l'est, il y avait des ateliers monétaires à travers l'empire.
Cependant, les ateliers, peu importe leur localisation au sein de l'empire, frappaient monnaie à l'effigie des deux empereurs.
Par exemple : Nicomédie frappait des monnaies tant à l'effigie d'Honorius que d'Arcadius, et Rome faisait de même.

Ma question :
Était-ce dû à des raisons politiques ou tout simplement logistiques ou encore économiques ?
J'espère que c'est compréhensible.


Merci à vous !

La direction de l'Empire avait été scindé en 2 , puis en 4 , depuis la diarchie puis la tétrarchie , pour des raisons stratégiques .

Les dérives tétrarchiques puis de successions constantiniennes , ont finalement créé au fur et à mesure , 2 capitales différentes , 2 empires , un occidental et l'autre plus oriental , avec 2 empereurs se partageant alors le même continium économique , régit par les mêmes règles et avec la même monnaie ...

Il semblait donc logique , surtout entre 2 frères , de frapper des monnaies au nom de l'autre ...

La suite viendra plus tard , avec la chute de la partie occidentale et de Rome , qui laissera Constantinople seule , et finira de consacrer l'Empire byzantin .

Outre les aspects économiques et sociaux - il s’agit d’alimenter en numéraire les zones économiques primordiales, en particulier celles où stationnent des troupes à solder- pour faciliter les échanges, et logistiques -éviter si possible les transports-, un élément essentiel de la monnaie est son caractère de reconnaissance de la légitimité du pouvoir.

Il est donc normal que dans le cas où plusieurs empereurs règnent en harmonie -ou non- chacun frappe dans son domaine des monnaies à l’effigie de son collègue en signe de concorde. Cette pratique s’étend même lors d’usurpations afin de signifier une reconnaissance (temporaire) de légitimité de la part du rebelle ou en sa faveur : Carausius, Magnus Maximus etc.

Les aspects politiques, diplomatiques ou protocolaires se cachent alors souvent dans les détails (quantités frappées, nombre et choix des ateliers et officines, attributs et légende du buste etc.).

Merci pour vos réponses.

Je viens de lire un (court) article d'Adrien Blanchet qui évoquait justement cette volonté d'afficher une concorde à travers les émissions de monnaie après la mort de Théodose. Malheureusement ce n'était qu'évoqué brièvement.

Intéressant ce rapport que tu évoques, Amictvs, entre les aspects politiques et les "détails" comme tu dis.

Depuis le début de la tétrarchie , ou l'imposteur Carausius tenta ( et d'après certaines analyses réussi peut être ...... provisoirement...!!!.) à s'afficher puis s'intégrer , dans le cortège des augustes , puis les successions césariales et augustales , plus ou moins légitimes , qui suivirent les "abdications" de Dioclétien et Maximien Hercule , où un " jeu " d'affichage des alliances ou volontés de rapprochement , par le biais de l'imagerie monétaire, et/ ou des frappes aux noms d'autres tétrarques , s'établit déjà .
Les "absences " peuvent aussi , comme un silence dans un échange oral , avoir de fortes significations ...!!!

Il est vrai que sous les deuxième et troisième Tétrarchies et jusqu'à la conférence de Carnuntum les frappes monétaires (ou leur absence) sont de bons indicateurs du jeu diplomatique entre les princes. L'attribution des officines de l'atelier de Carthage au cours des émissions successives entre 306 et 308, avec toutes ses implications, est un cas d'école pour ce sujet, comme d'ailleurs les pratiques monétaires des ateliers italiens pour la même période.

'Imposteur' est peut-être un peu fort. Si les bases de la rupture entre Carausius et les dyarches (fidélité à Carin qui l'aurait investi d'un commandement en liaison avec la campagne en Britannia de 284 et refus de la tutelle plus serrée de Maximien, non-appartenance au groupe illyrien, éventuelles actions de prévarication) expliquent la tentative de l'éliminer rapidemment, l'absence de toute tentative d'envergure ultérieure de la part de Maximien et le monnayage de Carausius notamment au nom des 'fratres sui' rend possible l'existence d'un compromis de facto qui dura, et que seul Carausius avait intérêt à évoquer. Les panégyriques mentionnant l' "archi-pirate" ne sont pas à croire sur parole...