Lorsque les barbares s'emmêlent les pédales pour Tetricus...

N'oublions pas également qu'entre deux phases d'émissions "officielles", les ateliers étaient en période de "chômage"... Que pouvaient faire les graveurs et ouvriers, en l'absence d'indemnités chômage? Il n'est pas impossible qu'ils aient participé à la production de ces ateliers dits "locaux", au moins pour la gravure des droits et dans une zone géographique pas trop éloignée de l'atelier officiel.

Pour moi, mon ressenti (mais rien de prouvé)

Il y avait :
- Les monnaies officielles (empereur = donneur d'ordre) de Trèves, Cologne et peut-être ponctuellement quelques "ateliers itinerants" et en Brittania

- Les monnaies locales (chef locaux = donneurs d'ordres) dans les principales civitas tel que cela se faisait avant l'arrivée des romains mais avec des "consignes" a respecter (grenetis 18 ou 15 au lieu de 20, tête empereur, poids...) et personnellement je classe celles de Milan aussi parmi celles ci

- Les minimi et/ou monnaies de nécessité qui ont continuées d'être frappées bien après la fin de l'empire gaulois donc là plus de consignes a respecter hormis celle de ne pas recopier un monnayage "normalement" romain

- Peut-être qu'il y a eu aussi une production issue de bons graveurs romains ayant franchi la frontière pour y trouver un refuge après la révolte des monétaires de 271

Au sujet de la déroute monétaire du IIIème siècle, il est intéressant de lire cette lettre d'un officiel de l'administration romaine basé en Egypte en 260:

"De Aurelius Ptolemaeus également appelé Nemesianus, strategus du district de l'Oxyrhynchite.
Depuis que les agents publics se sont réunis et ont accusé les banquiers des banques de change de les avoir fermées en raison de leur réticence à accepter les pièces divines des empereurs, il est devenu nécessaire qu'une injonction soit délivrée à tous les propriétaires des banques pour les ouvrir et accepter et échanger toutes les pièces, sauf celles qui sont absolument fausses et contrefaites, et pas seulement pour eux, mais pour tous ceux qui se livrent à des transactions commerciales de toute nature, sachant que s'ils désobéissent à cette injonction, ils subiront les sanctions ordonnées pour eux auparavant par son altesse le préfet [d'Egypte]"

La confiance régnait...

Il faut dire qu'en l'espace de 20 ans, l'antoninien de Valerien (le bien nommé...) contenait 5 fois moins d'argent que celui de Gordien III !

60 ans après la mort de Victorin, on frappait encore des imitations à son effigie !!!

D. Hollard: Une imitation radiée de Victorin (269-271) au type Gloria exercitus (330-336), Cahiers numismatiques, 28e année, n° 110, décembre 1991, pp. 17-21.
[Publication d'une imitation radiée hybride couplant une effigie de Victorin (269-271) et un revers imité du type Gloria exercitus frappé sous Constantin Ier (306-337). Le poids et la présence d'une marque d'émission permettent de situer entre 333 et fin 336 la frappe de cette contrefaçon exceptionnelle qui témoigne d'une présence indubitable des imitations radiées dans le numéraire de bronze constantinien].

Merci c est très intéressant de voir le côté coulisse des ateliers et de petites mains.