Sexe et pouvoir à Rome, (Paul Veyne), Coll. Points - Histoire, 208 p. prix : 8 €
Après une préface plutôt pompeuse et maladroite de Lucien Jerphagnon, se voulant humoristique sans vraiment convaincre, qui révèle au passage la réponse à la question d'un livre majeur de Paul Veyne "Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?", ce que je n'apprécie guère (on ne révèle pas la fin d'un bon film), on relève quand même deux ou trois bons paragraphes vers la fin mais aussi la locution "penem et circonses" qu'il cite à la fin, qui sauf erreur de ma part, ne veut rien dire : il faut dire "panem et circenses". Bizarre... Passons.
Enfin nous tenons là un petit livre rafraîchissant et vraiment capital pour comprendre la mentalité romaine ! L'ouvrage est en fait une somme d'articles parus dans des revues de qualité (interviews ou articles tous parus dans
L'Histoire) et organisés en chapitre. Des redites sont forcément inévitables mais ici elles ne sont pas vraiment ennuyeuses, toutefois il aurait été plus simple de faire une synthèse entre deux articles qui se ressemblent) ! Paul Veyne nous introduit dans un monde que j'étais assez loin d'imaginer, balaye les clichés et apporte des éléments originaux sur les mentalités à Rome dans un langage absolument clair, limpide et imagé, accessible à tous (et en plus, parfois c'est drôle quand il fait une comparaison avec un personnage politique français connu !).
Paul Veyne définit dans plusieurs chapitres successifs ce qu'est un romain, le rôle de l'argent, de la politique et du spectacle et bien sûr le couple et la sexualité à Rome.
Ce que je retiens de ce livre c'est que je suis absolument surpris de constater à quel point la fameuse série télévisée "ROME" a littéralement calqué les travaux de P. Veyne ou du moins il est très clair que les conseillers du film l'ont lu (le système clanique et mafieux des "
gens", le fonctionnement de la justice, la vision de l'homosexualité (innocente chez un esclave mais intolérable chez un noble, autrement dit ce n'était pas chose forcément admise comme on le croit mais en réalité simplement moins réprimée).
J'ai été passionné par les rapports qu'ils entretenaient avec les divinités et franchement je croyais qu'ils étaient plus subtils que ça mais pas du tout : en réalité, ils commercent avec les dieux, leur font du chantage, les dupent (je pense aux fausses monnaies dans les offrandes) s'adressent à eux exactement comme des
clients le feraient à leur protecteur, etc. Quant aux dieux eux-mêmes en fait ils sont surtout des surhommes mais pas des dieux énormes, tout-puissants et omniscients comme dans nos monothéismes.... C'est curieux de voir aussi à quel point ils se méfiaient des Grecs et pourquoi... Je vais pas tout dévoiler mais c'est réellement passionnant à lire !
L'intérêt de ce livre est de pouvoir s'attarder sur un point, creuser une idée, la développer, deviner une culture, la "ressentir" du moins pendant quelques secondes, parce que c'est un exercice difficile... rien que pour faire parvenir à ce résultat, l'auteur mérite d'être salué ! Un ouvrage d'utilité publique et à coût insignifiant ! :salut6: