Je viens de découvrir ce sujet intéressant et je peux y apporter quelques éléments pour la période romaine...
A ma connaissance, le serpent cornu et Cernunnos sont absents de l'iconographie des monnaies romaines/gallo-romaines. Cependant, il est certain que son culte s'est poursuivi longuement pendant la période romaine, mais semble-t-il seulement dans les régions "reculées" de l'Empire, comme en Gaule Belgique.
Dans la région de Bavay (Nord de la France), il est représenté sur des vases nommés "vases à bustes". Ces vases sont dédiés à Cernunnos. Le dieu cornu y est représenté par moulage, parfois associé à un serpent à cornes modelé sur la panse. Visiblement, Cernunnos et le serpent cornu semblent plusieurs formes d'un même dieu. Pour la période romaine, le modèle iconographique reprend celui du pilier des Nautes (dernière représentation connue de Cernunnos pour la période romaine). Sur les vases à bustes de Bavay, et comme pour le pilier des Nautes, deux torques sont placés de part et d'autre des ramures.
Ce qui est intéressant, c'est que sur ces vases à bustes, le dieu gaulois est très souvent associé à Mercure. Ils sont tous les deux des dieux psychopompes (= dieux qui guident les âmes des morts). A priori, ces vases sont liés au culte des ancêtres (culte à domicile) dans le laraire familial. En effet, avant de prendre des décisions, on demandait conseil aux ancêtres. Parfois, ces vases sont placés dans les sépultures (neufs ou en remploi, difficile de le savoir).
Au début de la période chrétienne, ce culte devait encore être bien ancré, car les premiers chrétiens ont diabolisé les dieux cornus... les cornes étaient associées au mal, et Cernunnos est devenu le diable. Le culte des ancêtres a aussi fait l'objet d'un combat par l'église chrétienne, et on sait à quel point elle combat toujours la fête païenne d'Halloween (qui n'est rien d'autre que la fête des ancêtres)
Quelque part, l'église a juste abandonné la part de bon de Cernunnos, car à l'origine, Cernunnos était pour ainsi dire mi-diable mi-ange. Un dieu entier, où sont représentés conjointement les forces du mal (le serpent, représentant le mal logé dans les profondeurs de la terre, et les forces du bien (le bouc animal des hauteurs). Comme dans le chaudron de gundestrup, le bouc est placé dans le trio (Cernunnos+serpent+bouc). Au passage, des boucs sont aussi représentés (mais rarement) sur les fameux vases à bustes.
D'une certaine manière, cette vision haut/bas, bien/mal est restée bien ancrée pendant toute la période romaine, même en Italie. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer les peintures murales des laraires, où se côtoient souvent les colombes dans la partie haute et des serpents dans la partie basse... avec au centre, très logiquement, des représentations de Mercure !!!