Antoninien de Caracalla

Hello petit partage de mon cadeau de noël .
Voici un Antoninien de Caracalla 23 mm , 5.08 grammes , métal argent atelier Rome année de frappe 215 après J C.
Avers: ANTONINVS PIVS AVG GERM - Buste radié et cuirassé de Caracalla à droite, vu de trois quarts en arrière (B2).
Traduction avers : "Antoninus Pius Augustus Germanicus", (Antonin pieux auguste germanique).
Titulature revers : P M TR P XVIII COS IIII P P.
Description revers : Lion radié marchant à gauche, tenant un foudre dans sa gueule.
Traduction revers : "Pontifex Maximus Tribunicia Potestas duodevicesimus Consul quartus Pater Patriæ", (Grand pontife revêtu de la dix-huitième puissance tribunitienne consul pour la quatrième fois père de la patrie).
Références: RSC 368 (90£) - RIC 283b (R) - BMC 177note - Hill 1548 (R4) - BnF 6859.
Un lion fantastique sur un Antoninien de Caracalla.
On retrouve de temps en temps des animaux sur le monnayage romain. Je pense aux monnaies de consécration avec l'aigle de Jupiter ou le paon de Junon. Deux remarquables séries du IIIè siècle ont mis les animaux à l'honneur sur les monnaies: Philippe pour le millénaire de Rome en 248 et Gallien avec les emblèmes des légions. Autant pour Philippe les animaux sauvages présentés sont réels car exhibés durant les festivités et chassés dans les arènes des amphithéâtres, autant pour les légions bêtes réelles et imaginaires cohabitent. Sur cet antoninien de Caracalla apparaît un animal réel, un lion, mais aussi fantastique, car doté d'attributs divins.
Commentaire:
Ce mystérieux lion apparaît sur les monnaies des dernières années de règne de Caracalla. Il cumule plusieurs attributs: tout d'abord il est souvent associé à Hercule (lion de Némée), ensuite il porte dans sa gueule un foudre symbole de Jupiter. Enfin, le lion est radié comme le Soleil et fait écho au portrait radié de l'empereur au droit. Sol prend à cette époque dans le panthéon romain une importance de plus en plus grande, jusqu'à culminer sous Aurélien. Caracalla associe d'ailleurs sa mère au sein d'une dualité masculine/féminine avec les représentations du Soleil et de la Lune. L'empereur sera d'ailleurs assassiné l'année suivant l'émission de cette monnaie en se rendant au temple de la Lune à Carrhae. Durant les trois dernières années de son règne (215-217), le Soleil occupe une place importante dans le monnayage (autour d'un tiers des monnaies retrouvées dans le trésor de Marcianopolis pour ces années).
Le lion symbolise aussi le pouvoir de l'empereur, pouvoir qu'il tient de Jupiter (le foudre). Il est donc une représentation symbolique de l'empereur et de sa puissance.
Enfin, ce type apparait au moment de la campagne Parthique et certaines unités légionnaires ou prétoriennes ont le lion comme emblème.
Au sujet de cette campagne, l'Histoire Auguste (ch. V de la vie d'Antonin Caracalla) raconte qu' il "faut dire en son honneur qu’il ne permit point, comme l’avait fait Commode, qu’on lui donnât des noms de divinités, quoiqu’on voulût l’appeler Hercule, parce qu’il avait tué de sa main un lion et d’autres animaux féroces". Plus on loin il est écrit: "il tint souvent tête à des sangliers, et même un jour il combattit un lion: à ce sujet il écrivit à ses amis des lettres où il s’en faisait gloire, et se vantait d’avoir égalé la valeur d’Hercule."

J'en rêve aussi !
Même coin de revers que celui de la vente Spink du mois dernier :
https://www.acsearch.info/search.html?id=5418730

L'exemplaire de la vente Spink présente par contre un buste drapé (et un portrait de toute beauté !).
Sur ton exemplaire, le buste est cuirassé.

Petite erreur d'ailleurs dans la description de la vente Spink puisqu'ils le décrivent cuirassé… 

Si ton père noël peut passer chez moi...

Pescennius a écrit:

L'exemplaire de la vente Spink présente par contre un buste drapé (et un portrait de toute beauté !).
Sur ton exemplaire, le buste est cuirassé.

Petite erreur d'ailleurs dans la description de la vente Spink puisqu'ils le décrivent cuirassé… 

But the Spink example is both draped and cuirassed, as the description says: "radiate bust with beard, draped and cuirassed right".

Magnifique !!

Superbe choix pour ce cadeau! Elle fait partie des monnaies qui "en jettent"!

Splendide, de toute beauté

à tous pour vos commentaires .
Voici une photo à la lumière du jour .

SUPERBE !

Dans des émissions précédentes, les deniers IN CARTH sous Septime Sévère et sa famille, il y a déjà le foudre et le lion associé sur un revers. N'est-ce pas un symbole dévolu à la déesse Célestis/Tanit ?
Comme les Sévères viennent de Leptis Magna, n'ont-ils pas apporté avec eux, un peu de leur croyances ?

PYL a écrit:

Dans des émissions précédentes, les deniers IN CARTH sous Septime Sévère et sa famille, il y a déjà le foudre et le lion associé sur un revers. N'est-ce pas un symbole dévolu à la déesse Célestis/Tanit ?
Comme les Sévères viennent de Leptis Magna, n'ont-ils pas apporté avec eux, un peu de leur croyances ?

Franchement j'en sais rien une personne m'a dit que "pour le lion radié j'y vois peut être un rapport avec Mithra".

Un lion solaire aux côtés de l'armée romaine:
Ce denier s'inscrit dans le cadre de la campagne orientale que Caracalla conduit à la fin de son règne. Ses pas suivent ceux d'Alexandre le Grand, le modèle de tous les généraux romains qui rêvent un jour de l'Orient et de ses richesses. Une victoire contre l'ennemi héréditaire parthe est toujours prestigieuse et le jeune empereur, désormais seul au pouvoir, entend faire rejaillir ce prestige sur sa personne et incarner le nouvel Alexandre.
Dion Cassius précise dans le livre LXVIII qu'un lion descendit de la montagne et combattit aux côtés de l'armée romaine. Il semble en effet que des lions vivaient encore dans ces régions de l'Asie à cette époque. Caracalla a dû y voir un présage divin et croire que Sol l'accompagnait au combat.
On notera aussi que plusieurs légions utilisaient le lion comme emblème distinctif, comme la IIII Flavia Felix, VII Claudia ou la XIII Gemina.
Photo 1 du denier .
Le lion, roi des animaux, est dans de nombreuses civilisations un symbole de force et de majesté. Le premier des travaux d'Hercule est le combat contre le lion de Némée. Après sa victoire, le héros se revêt de sa dépouille et cet attribut sera repris par tous ceux qui se revendiqueront d'Hercule, d'Alexandre le Grand à Maximien, en passant par Commode. La tête ci-dessous, oeuvre romaine du Ier siècle ap. J.-C., est celle du roi du Pont, Mithridate VI (120-63 av. J.-C.). A l'image d'Alexandre sur ses monnaies ou du modèle Heracles, ce souverain est coiffé de la léonté, la dépouille du lion de Némée.
Caracalla, grand admirateur d'Alexandre, au moment de lancer sa campagne parthique n'hésite pas à faire représenter un lion sur ses monnaies. Ce lion est également un symbole solaire de par la couleur fauve de sa fourrure. Sur l'animal représenté sur ce denier, des rayons entourent sa tête. On notera aussi que le soleil se lève à l'est, là précisément où l'empereur conduit ses soldats face à l'Empire parthe.
Les Achéménides qui ont précédé les Parthes sur le territoire perse et ont dû affronter le jeune roi macédonien Alexandre ont également laissé des vestiges qui ont certainement impressionner les soldats macédoniens, comme la célèbre frise des lions en briques siliceuses à glaçure du palais de Darius Ier à Suse (vers 510 av. J.-C.).
Photo 2 Mithridate VI Eupator, roi du Pont (Musée du Louvre, Paris).
Photo 3 Frise des lions, cour orientale du palais de Darius Ier à Suse (Musée du Louvre, Paris).

Merci à curtis pour sa précision très importante : drapé seul, drapé et cuirassé, et cuirassé seul.
C'est fondamental, et pourtant, je l'ignorais.
J'utilisais le terme de drapé ou cuirassé, sans jamais utiliser le terme "drapé et cuirassé". mais je n'avais pas saisi que les petites franges au niveau de l'épaule représentaient une cuirasse sous la toge.

Très bel antoninien avec de superbes reliefs, plutôt un RIC 273 RSC 322 (RIC 283 RSC 368 : TR P XVIIII)

Ou plutôt RIC 273 var. pour le buste cuirassé. Le buste cuirassé drapé avec ptéryges visibles sous le manteau est aussi souvent confondu avec le buste simplement cuirassé. Exemple avec Roma Numismatics et ce buste cuirassé:

https://www.acsearch.info/search.html?id=5373772

Je suis très heureux d'apprendre que ces lanières s'appellent des ptéryges...

J'ai essayé de mettre un peu à plat les références des antoniniens de Caracalla qui présentent beaucoup de lacunes quant à la description correcte des bustes. Voici ce que je propose pour ce type au lion de 215 (tous les bustes sont radiés à droite) :
- drapé et cuirassé vu de l'avant: RSC 322 - RIC 273d - BMC 150 - BNF sans n°(T) - H 1497
- drapé vu de l'arrière: RSC 322a corr. - RIC 273c - BMC 150note - BnF 6846 - H 1497
- cuirassé vu de l'arrière (ton exemplaire): RSC 322b - RIC / - BMC / - BnF 6845 - H 1497
- drapé et cuirassé vu de l'arrière: RSC / (porte le 322c dans mon inventaire) - RIC 273d - BMC / - BnF / - H /
Sur un comptage, loin d'être exhaustif dans l'absolu, mais intéressant en relatif, effectué il y a quelques années, le buste cuirassé vu de l'arrière était le plus abondant du type, suivi du drapé et cuirassé vu de l'avant. Les deux autres bustes viennent loin derrière.
Dans le trésor de Marcianopolis (Reka-Devnia), 8 antoniniens sur 148 sont au type au lion pour l'année 215 soit 5,4% des antoniniens de Caracalla. Dans mon comptage, c'est 5.5%.

Magnifique cet antoninien. Ces premiers antoniniens ont une qualité de frappe incomparable, un métal de bon aloi et une iconographie très soignée.

IOVI a écrit:

Magnifique cet antoninien. Ces premiers antoniniens ont une qualité de frappe incomparable, un métal de bon aloi et une iconographie très soignée.

IOVI et aux autres pour vos commentaires

TRP XVIII COS IIII. Nous voici donc à Rome, en 215, soit à la première année de frappe de cette monnaie d'un type nouveau, promis à un bel avenir.

Superbe buste !! et très beau revers