Maximianus Herculius Prefet de l'Vrbs
Age : 40 Date d'inscription : 23/04/2014
| Sujet: Plaquette thraco-mithriaque : question technique Mer 23 Jan - 15:45 | |
| Me penchant sur ces objets attachants qui sont nommés "plaquette des Cabires" ou "plaquette thraco-mithriaque", https://www.persee.fr/doc/mesav_0398-3587_1933_num_13_2_1109, je me demande comment sont réalisés ces objets qui relèvent à mon avis du champ de la numismatique (comme la médaille en moderne et contempo). 124g; 84 x 71 mm Voici le revers de la première. On voit qu'un angle a été ressoudé. Dans l'Antiquité? L'aspect de surface me fait croire que ça peut être coulé dans un moule monovalve. Mais voici que je découvre deux plaquettes comme issues du même "coin". Et là je suis pris d'un doute: le style peut évoquer des monnaies. Et si c'était frappé??? ou coulé dans un même moule monovalve? Je me lance ensuite dans une étude de l'iconographie mithriaque qu'on y trouve. Mais la réalisation de l'objet lui-même mérite réflexion. | |
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Pescennius Prefet de l'Vrbs
Age : 47 Date d'inscription : 17/02/2015
| Sujet: Re: Plaquette thraco-mithriaque : question technique Mer 23 Jan - 20:35 | |
| Leur relative grande taille rend la frappe quasi impossible avec les moyens de l'époque. D'après photo, on peut dire qu'il s'agit de plomb, ou d'alliage plomb/étain, ou même plomb/étain/cuivre (avec peu de cuivre). Ces alliages sont faciles à couler, par exemple dans des moules en schiste (proche de l'ardoise). Une face du moule est lisse, l'autre est gravée en creux, et on coule dans une mini cheminée de coulée au niveau du joint sur le dessus. La coulée se fait avec les deux valves de moule placées verticalement. C'est une technique gauloise (pour couler des rouelles par exemple), mais elle trouvera un essor considérable au moyen âge avec la diffusion des souvenirs de pèlerinage (voir par exemple le site fouillé par l'Inrap au sommet du Mont Saint Michel). MOT CLEF : ENSEIGNE DE PELERINAGE A côté du Mont Saint Michel, un autre site a été fouillé à Rennes. La technique de moulage est toujours la même, je copie un passage de l'article qui en parle : Plusieurs moules en schiste gravé témoignent de l’artisanat du plomb. Ils sont tous réalisés à partir de petites plaques de grès armoricain au grain très fin. Cette finesse de texture permet, après un polissage soigneux, d’obtenir une surface de travail parfaitement plane, ainsi qu’une grande précision dans la gravure de la pièce à couler. La nature de la pierre est directement choisie en fonction de l’usage souhaité. Elle doit, entre autres, répondre à des critères d’abrasion et de résistance aux chocs thermiques. Ces moules sont, en cela, tout à fait similaires à des moules trouvés en contexte d’ateliers lors d’une intervention récente au Mont-Saint-Michelhttps://journals.openedition.org/abpo/2858Pour le Mont Saint Michel : https://www.inrap.fr/mont-saint-michel-une-production-d-enseignes-de-pelerins-5083
Dernière édition par Pescennius le Mer 23 Jan - 20:47, édité 1 fois | |
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Maximianus Herculius Prefet de l'Vrbs
Age : 40 Date d'inscription : 23/04/2014
| Sujet: Re: Plaquette thraco-mithriaque : question technique Mer 23 Jan - 20:39 | |
| OK, merci. Donc ces deux seraient coulés dans le même moule. Les similitudes stylistiques avec des monnaies viennent de la technique de gravure en creux du moule? | |
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Pescennius Prefet de l'Vrbs
Age : 47 Date d'inscription : 17/02/2015
| Sujet: Re: Plaquette thraco-mithriaque : question technique Mer 23 Jan - 20:55 | |
| Oui, la similitude avec les monnaies vient de la gravure en très bas relief (avec des moules creux gravés directement en effet miroir comme les coins monéraires). La finesse des plaquettes s'explique par le soucis d'économie de matière première. Même fin, ça ne casse pas… sauf si le métal est pollué par du cuivre, car dans ce cas, l'alliage devient dur et cassant.
Et puis ces métaux à bas point de fusion présentaient après coulage des reflets argentés attractifs lorsqu'ils étaient neufs et pendant la majorité de la vie de l'objet. La durée de vie des moules reste assez faible, car les chocs thermiques répétés altèrent un peu la surface. S'il y a eu 100 ou 200 tirages, cela permet d'avoir quelques chances de retrouver deux modèles identiques comme dans ton exemple... | |
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