Le phénomène des monnaies coupées

Chose promise au modochat, chose due: voici un petit résumé de l'annexe B de Blesa 5 de D. Gricourt consacrée au phénomène des monnaies coupées.
A Bliesbruck, la découverte de 150 monnaies (2.68% du total étudié) incomplètes volontairement (que l'on distingue des monnaies brisées accidentellement) a motivé la rédaction de cette annexe. Les périodes d'origine des types concernés par ce phénomène sont les suivantes: de -211 à 69, 138-180, 193-238, 260-275, 294-318, 330-435 et touchent les dénominations suivantes: potin, as sextantaux et onciaux, deniers et quinaires d'argent, dupondii, asses, sesterces, antoniniens, nummi, maiorinae et demi-maiorinae, aes 1, 2, 3 et 4 aussi bien officiels que d'imitation.

Trois manières sur le plan technique semblent avoir été employées pour fractionner les monnaies: taille avec un burin disposé au préalable perpendiculairement à la surface du flan. La monnaie est coupée en deux parfois inégalement, plus rarement en quatre. Cette technique est utilisée pour les bronzes lourds et épais, mais aussi des espèces plus légères.
Le second procédé correspond à une amputation de la monnaie sectionnée en biseau sur le bord au moyen d'une cisaille. Il a été utilisé à la fin du IIIè et au début du IVè siècle. Le flan est parfois entamé en plusieurs emplacements différents.
Enfin, la dernière méthode plus rare consiste à retailler les monnaies sur l'intégralité de leur circonférence. Elles sont ainsi ramenées à une dimension inférieure.

Le fractionnement des monnaies romaines semble avant tout destiné à pallier une insuffisance de pièces divisionnaires dans les circuits monétaires. En effet, pour diverses raisons (désintérêt de l'Etat, demande accrue, circuits d'échange trop éloignés des centres émetteurs...), le numéraire d'appoint frais parvient ponctuellement difficilement ou pas du tout sur les sites. Ces pièces coupées, comme les monnayages d'imitation, viennent suppléer les carences de l'alimentation officielle.

Les périodes de disette monétaire sont au nombre de 8 en Gaule Belgique:
* de -15 à 64
* de Domitien jusqu'à vers 120
* d'Elagabale jusque vers les années 220
* durant le règne conjoint de Valérien et Gallien (vers 253-257)
* entre 283 et 310
* de 348 à 364
* de 364 à 402
* de 402 à 435 et au-delà
Je ne vais pas rentrer dans le détail de l'étude, mais les périodes du début et de la fin affectent l'Occident dans son ensemble, les autres sont plus localisées dans le temps et l'espace.

Très interressant ! Bravo ! reste plus qu'a illustrer ton propos par nos images

septimus a écrit:

Chose promise au modochat, chose due: voici un petit résumé de l'annexe B de Blesa 5 de D. Gricourt consacrée au phénomène des monnaies coupées.

Bonjour Septimus, je suis particulièrement intéressé par cette période ( ) :

* d'Elagabale jusque vers les années 220
* durant le règne conjoint de Valérien et Gallien (vers 253-257)
* entre 283 et 310

Pourrais-tu nous en dire plus ?

En te remerciant, :salut7:

Merci Septimus. L'article est il conséquent ?

…je suis assez surpris qu’on parle de disette monétaire entre 253 et 257 (sur 11 tresors inventoriés durant cette période 3 se trouvent en Belgique) alors que les recherches récentes, notamment celles de D Hollard établissent une production conséquente et stable durant cette période tant par l’analyse des dépôts monétaires que celle des sites archéologiques…l’augmentation du volume des émissions constaté à partir de 256 date de la création de l’atelier de Cologne doit être à mon avis minoré car faussée par le trop grand nombre de trouvailles suite aux invasions germaniques de 259-260…j’en déduis donc que sous le règne conjoint de Valérien-Gallien la production de l’antoninien fut relativement stable, l’apport de Cologne entrainant juste une légère augmentation des émissions qui se substitua à la disparititon de l'atelier de Viminacium et à la baisse des frappes de celui de Rome …

Cette annexe fait quand même quelques pages agrémentées de graphiques et tableaux (les monnaies illustrées étant dans la partie catalogue de l'ouvrage).
Pour répondre à Bruno, il est une chose de frapper beaucoup de monnaies et il en est une autre d'acheminer ce numéraire en tous points de l'Empire. Comme je l'ai dit à la fin, les périodes intermédiaires, en gros entre Domitien et Constantin sont très localisées dans le temps et surtout dans l'espace.

septimus a écrit:

Cette annexe fait quand même quelques pages agrémentées de graphiques et tableaux (les monnaies illustrées étant dans la partir catalogue de l'ouvrage).
Pour répondre à Bruno, il est une chose de frapper beaucoup de monnaies et il en est une autre d'achemnier ce numéraire en tous points de l'Empire. Comme je l'ai dit à la fin, les périodes intermédiaires, en gros entre Domitien et Constantin sont très localisées dans le temps et surtout dans l'espace.

Merci à toi, je vais directement contacter l'auteur de l'étude pour lui poser quelques questions.

A+ :salut7:

septimus a écrit:

Cette annexe fait quand même quelques pages agrémentées de graphiques et tableaux (les monnaies illustrées étant dans la partir catalogue de l'ouvrage).
Pour répondre à Bruno, il est une chose de frapper beaucoup de monnaies et il en est une autre d'achemnier ce numéraire en tous points de l'Empire. Comme je l'ai dit à la fin, les périodes intermédiaires, en gros entre Domitien et Constantin sont très localisées dans le temps et surtout dans l'espace.

...sauf si la production monétaires concernant les autres périodes est identique...ce qui est le cas pour la première moitié du III siècle...il s'agirait donc plutôt ici de causes étrangères à la fréquence des émissions et à la circulation monétaire de cette époque...il faut que je me procure ce bouquin...

A signaler, un sesterce de Gordien III qui a failli être coupé, mais qui fut semble-t-il sauvé in extremis !
http://www.ebay.fr/itm/ANCIENT-ROMAN-GORDIAN-III-238-244-AD-BRONZE-SESTERTIUS-/251374195368?pt=LH_DefaultDomain_0&hash=item3a8711d2a8