Très difficile à trouver centré et en bon état celui la !
Je veux juste éclaircir un point qui me semble intéressant et fondamental dans l'analyse du revers de ce denier pour être plus précis.
Ton interprétation de la scène du serment semble être la bonne pour le statère (quoi que...) mais plus délicate pour le denier de 137 av. J.-C. En effet, A.Alfoldi, R. Thomsen, M.H. Crawford puis H. Zehnacker ont proposé depuis (
Craw; Foedus and
sponsio, PBSR 1973) des explications de la scène différentes pour ce denier. Pour informations, je t'en donne les grands axes selon les différents numismates :
Il est clair à mes yeux que le revers marque une rupture décisive avec l'approche traditionnelle de la sélection des types d'iconographies.
Il est tout d'abord intéressant de bien analyser la scène : on voit 3 personnages; un jeune homme agenouillé qui tient un porc, de part et d'autre sont placés un guerrier barbu et un soldat romain, tous les deux armés d'une lance. Ils dirigent un poignard ou une épée courte sur l'animal à sacrifier et prêtent donc serment.
La première interprétation selon
H.Babelon (celle que tu donnes) est la concession du droit de cité romaine aux Campaniens et à une partie des Samnites en 334 av. J.-C. sous le consulat de
T. Veturius Calvinus et de
Sp. Postumus Albinus. Ce qui me parait trop éloigné, même pour commémorer un ancêtre célèbre sur un denier de 137, alors que d'autres faits historiques plus marquants ont glorifier ultérieurement la gens de façon plus marquante.
La deuxième interprétation selon
Th. Mommsen mais aussi celle retenue par
M. Crawford : Il pense que la scène du serment doit être considérée comme se référant à une première version de l'histoire des fourches Caudines de 321 av. J.-C., dans laquelle l'accord défavorable avec les Samnites a été honoré et dont les responsables furent les même consuls Veturius et Postumus. Effectivement, en soutenant la ratification de la
foedus Numantinum de l'année 137 av. J.-C.,
Tiberius Veturius fut étroitement associé à la négociation de
Tiberius Sempronius Gracchus. D'ou l'emission du denier. J. Heurgon fait remarquer que dans la gens Veturia "la représentation d'une
caesa porca ne pouvait rappeler que la paix caudine, en laquelle, beaucoup, à Rome, ne voulaient voir qu'une
sponsio de nature privée, mais que les Veturii interprétaient comme un
foedus officiel." J. Heurgon pense que l'attribution de la
Civitas aux Campaneens est à exclure, en raison de la
caesa porca qui eut été déplacée dans cette circonstance.
La troisième interprétation émise par
H. Willers serait relative à la distribution des réserves d'or de l'état romain à 5 généraux en 209 av. J.-C. dont, L.Veturius, ancêtre du monétaire et préteur en Gaule. La scène se rapporterait à un épisode de la 2eme guerre punique, relaté par Tite Live (LIV.,XXVII, 9sq.) dans lequel 12 colonies latines d'Italie avaient opposé un refus aux exigences financières de Rome et 18 acceptèrent d'y participer. L'hypothèse encore défendu de nos jours, tombe pourtant à l'eau si on accepte la deuxième démonstration de Th. Momsen qui parait irréfutable car fondée sur des arguments historiques, numismatiques (209 est la date de l'émission d'or au type de Mars et de l'aigle) et littéraire (Pline, N. H. XXXIII., 47), les aurei au serment ont été émis non pas en 209 mais en 217 pour compléter le système des Quadrigatus. Dans la distribution du numéraire en 209,
Veturius n'aurait joué qu'un rôle de second plan. Il parait aussi étrange que le guerrier barbu, à l'accoutrement barbare représente les Latins !
La quatrième interprétation de
A. Alfoldi veut voir dans le revers non pas une scène historique mais mythique. Les deux protagonistes en présence seraient Enée et Latinus prétant un serment d'alliance et de concorde. Tite live rapporte qu'au printemps de 216 av. J.-C., les autorités militaires firent prêter serment aux soldats, tant alliés latins que romains, auprès de leurs tribuns. C'est cet évènement que représenterait le revers du statère mais sous une forme mythologique, par l'intermédiaire du serment qu'échangent Enée et Latinus. Il faut donc voir, non plus un soldat et un tribun mais deux héros. La silhouette vieillie de Latinus et l'allure jeune d' Enée qui occupe la plus grande place sur l'effigie monétaire apparait comme le bénéficiaire des promesses du destin.
Pour ma part, je privilégie donc la deuxième hypothèse de Th. Momsen pour le denier qui a les bases les plus solides. Quand à celui des guerres sociales, il fait référence à la concorde des différentes colonies fédérées.