A parti d'Auguste, c'est seulement pour les empereurs un titre prestigieux qui ne donne pas de surcroît de pouvoir réel.
Auguste a été consul sans interruption de 31 à 23 av. J.-C. : il jouissait ainsi d'un imperium consulaire, une charge lui donnant des pouvoirs civils et militaires. En 23, Auguste a remis ses pouvoirs (ou a fait semblant), et, en compensation, a reçu la puissance tribunitienne à vie et un imperium proconsulaire maius (supérieur à tout autre) qui lui permet de gérer les provinces qui lui avaient été attribuées (les autres sont gérées par le sénat).
C'est ces deux derniers pouvoirs qui sont le fondement de la légitimité de tout empereur après Auguste, et jusqu'au IIIème siècle.
L'imperium proconsulaire implique le commandement suprême de l'armée, et s'étend à toutes les provinces, même sénatoriales ; grâce à lui, l'empereur jouissait du droit de coercition, c'est à dire qu'il l'habilitait à exercer une juridiction civile et criminelle.
Quant à la puissance tribunitienne, elle confèrait à l'empereur la sacro-sainteté, le droit d'auxilium, de convoquer le sénat, le peuple, de proposer des lois, et le mettait à l'abri du droit d'intercession des tribuns de la plèbe (qui ne servaient plus à rien, d'ailleurs)...
Avec ces deux pouvoirs combinés, le consulat n'était plus grand chose qu'une charge honorifique. Pour les sénateurs, il était seulement un stade de la carrière des honneurs. D'ailleurs, les consuls étaient surtout suffects (jusqu'à 10 consuls par an sous les Flaviens remplaçaient à tour de rôle le consul ordinaire qui prenait sa charge au début de l'année et pour environ deux mois seulement).
A la sortie du consulat, les consulaires pouvaient accéder à des charges civiles bien plus importantes (les trois grandes curatelles et la préfecture urbaine), ou à des charges militaires (légation dans une province impériale, proconsulat dans une province sénatoriale).
La charge du consulat assumée par l'empereur est seulement un titre honorifique, qui relie le pouvoir impérial au passé de Rome, à l'époque ou le consulat était la charge la plus éminente. C'est un gage de romanité, en quelque sorte, qui soulignait la continuité entre les traditions et les magistratures républicaines, mais qui ne donnait aucun pouvoir supplémentaire au prince. D'ailleurs, Auguste, après son imperium proconsulaire, n'a assumé la charge de consul que deux fois.