Les républicaines d'Ulysse

Potator II a écrit:

ulysse a écrit:

Pôpôpô !
Que c'est beau ça !!!
J'en veux un !!!

C'est en effet magnifique... Je ne connaissais pas. On sent nettement l'influence grecque.

Porcius Laeca a écrit:

Potator II a écrit:

ulysse a écrit:

Pôpôpô !
Que c'est beau ça !!!
J'en veux un !!!

C'est en effet magnifique... Je ne connaissais pas. On sent nettement l'influence grecque.

L'influence grecque, certes, mais aussi carthaginoise !
En effet le revers, pour ne parler que de lui, est directement inspiré du monnayage siculo-punique :
Avant que Rome et Carthage ne deviennent les frères ennemis que l'on connaisse, les deux puissances ont eu leur histoire liée plus d'une fois ; notamment lors de la guerre contre Pyrrhus et Tarente . Les Carthaginois étaient alliés aux fils de la louve. Ces derniers se seraient alors familiarisés avec le monnayage de ses alliés africains, où le cheval (entier ou en protomé) constitue un sujet récurent.
Dommage que je ne sache pas ajouter de liens pour illustrer mon propos et comparer les deux effigies de revers qui sont assez analogues, malgré la bride que les Romains ont ajouté à l'encolure du cheval...

Ça par exemple ?

http://www.acsearch.info/record.html?id=23232

Potator II a écrit:

Ça par exemple ?

http://www.acsearch.info/record.html?id=23232

Exactement !
Merci Potator II d'avoir mis le lien.

Merci beaucoup pour ces explications passionnantes.

Waouw, superbes monnaies !!! Je encore en vois. :clind'oeil:

Ouaip ; superbes !

Denier émis par Caius Coelius Caldus en 51 av JC :


Ce monétaire qui fit frapper toute une série de deniers présentant des variantes, n'a pas laissé beaucoup de traces dans l'Histoire. Nous savons cependant qu'il fut questeur (magistrat chargé des finances) en Cilicie (province correspondant à la côte sud-est de la Turquie actuelle). Sur tous les deniers qu'il fit frapper nous retrouvons le portrait de son grand-père , seul membre de la famille à avoir été élevé au rang de consul.
Légende: C.COEL.CALDVS
Mon exemplaire étant légèrement décentré à l'avers, on apperçoit à peine l'abrévation COS (consul). Par contre, on distingue nettement HIS (pour Hispania) sur l'enseigne militaire derrière sa tête. Sous son menton, on devine un sanglier, emblème de la ville de Clunia (une des principales villes du nord de l'Hispanie). Ces deux derniers symboles illustrent le souvenir des exploits militaires de ce fameux grand-père . Personnellement, je trouve que le style du portrait annonce celui de César, mais je suis peut-être le seul à penser çà...

Le revers, bien qu'il soit malheureusement décentré, nous livre une scène fort intéressante :
Il s'agit d'un lectisternium, rite durant lequel on invite un (ou des) dieu(x) à un banquet pour appaiser leur colère et mettre fin à quelque calamité publique...
Si à l'avers le grand-père était à l'honneur, cette fois c'est principalement à son père, Lucius Caldus, que le monétaire a voulu faire référence :
Légende : C.CALDUS (à gauche à la verticale) IMP.A.X. (à droite à la verticale mais que l'on arrive pas à distinguer sur mon exemplaire/L.CALDVS VII VIR EPVL (en deux lignes au milieu, avec VIR et VL en monograme)/ CALDVS III VIR (à l'exergue, avec ALD en monograme) ;
Du papa, nous n'avons quasiment aucun renseignement, seules les monnaies de son fils nous apprennent qu'il était septemvir epulo. Ces épulons, qui formaient un collège de prêtres (3 initialement, puis 7 sous Sylla et enfin 10 sous César avant de revenir à leur nombre originel), étaient donc chargés de préparer les festins pour les dieux, particulèrement Jupiter, et d'assister les pontifes au cours d'autres cérémonies. Cette prêtrise donnait une honorabilité certaine à ses tenants et offrait des occasions de sociabilité et de distinction, dont raffolaient les notables romains.
Les légendes verticales (Caius Caldus Imperator Augure Decemvir) font probablement référence à un oncle du monetaire qui a dû être proclamé imperator en Orient.
On distingue deux trophées de chaque côté de l'epulon, qui pourraient faire allusion aux exploits de ce tonton...
Quant à la légende du bas, elle désigne le monétaire lui-même en associant à son nom III VIR pour trimvir monetalis.

Monnaie magnifique et très intéressant exposé !
Merci

J'adore ce denier pour sa symbolique et pour le portrait d'avers

Je l'ai eu celle-ci.
Moins jolie que la tienne...
pour ce descriptif du revers, plus complet que dans certains ouvrages.

Superbe.... !!!!

Bravo et merci ulysse, pour cet exposé si intéressant.

Magnifique monnaie et commentaire très intéressant.

Merci pour ces explications passionnantes.

Super intéressant, la numismatique romaine semble infinie, super, continue comme ça à enrichir notre culture numismatique.

Sublime !

Très belle monnaie, que je ne connaissais pas !

Bravo, une très belle explication pour une monnaie exceptionelle.

Bonjour Ulysse.

Merci mille fois pour cet exposé magistral. J'attends la suite avec impatience.
A bientôt.

Le Professeur Brrr.

Merci à tous pour vos messages encourageants, mais concernant les commentaires, je n'ai pas beaucoup de mérite : il s'agit juste d'une petite synthèse des différentes sources dont je dispose. A ce propos, je ne saurais qu'inciter mes collègues collectionneurs républicains , (les autres aussi ...) à se procurer l'ouvrage d'Ernest Babelon " Description des monnaies de la république romaine ". Bien qu'il date (publié en 1885), il reste pour les personnes comme moi, qui ne comprennent pas la langue de Shakespeare , le meilleur catalogue descriptif pour la période.

Salut, chouette denier que voilà, très riche iconographiquement. Bravo pour ta démarche Ulysse, qui ne se limite pas simplement à présenter la photo d'une acquisition.

Superbe denier ! Merci pour la description très intéressante.

Denier émis par Faustus Cornelius Sylla en 56 av JC (4,37g) :




Avers : Buste lauré, diadémé et drapé de Vénus à droite, avec le sceptre sur l'épaule.

Revers : Trois trophées entre un praefericulum (sorte d'aiguière utilisée lors des rites religieux)et un lituus (bâton à l'extrêmité recourbée utilisé également par les augures. Le mot est d'ailleurs à l'origine de "liturgie" et rappelle étrangement la crosse des évêques...)
A l'exergue, FAVSTVS en monograme.

Le monétaire (né en 86 av JC) était le fils du grand Sylla (dictateur en 81 av JC et farouche opposant de Marius...). Son prénom, Faustus, signifie "qui porte bonheur, propice". A la mort de son père, en 78 av JC, il fut placé sous la tutelle de Lucius Licinius Lucullus (célèbre encore de nos jours pour les fastes de sa table...). Le portrait de Vénus au droit, et les instruments pontificaux au revers sont d'ailleurs probablement un hommage à son père; ce dernier avait cette déesse pour divinité tutélaire, et l'on sait également qu'il occupat les fonctions d'augure (mais là encore, les avis divergent et il est impossible de traduire exactement les intentions de Faustus, plus de 20 siècles après... ).


Mais outre son ascendance, Faustus est également connu pour avoir été un fidèle lieutenant de Pompée, dont il était également le gendre après avoir épousé la fille, Pompeia. Concernant les trophées du revers par contre, pas de doutes : ils font référence au triple triomphe de Pompée ( célébré en 61 av JC, retardé par le Sénat qui se méfiait de ce général victorieux couvert de gloire...).
On sait que Faustus accompagna Pompée en Asie, où il se distingua à l'assaut du temple de Jérusalem en 63 av JC, puis il alla encore en Grèce avec son mentor; Après la défaite de Pharsale (du point de vue pompeien...), il rejoignit l'opposition (à César) en Afrique, battu par le Grand Jules, il s'enfuit avec Juba (roi de Maurétanie). Fait prisonnier et emmené au camp du vainqueur, il fut massacré par les troupes...

Pour la petite anecdocte : peu de temps après l'acquisition de ce denier que j'avais mis dans ma poche, je me suis rendu à la plage où mon fils voulait profiter des premiers rayons de soleil; Mais quelle ne fut pas ma tristesse, quand de retour à la maison, je me suis apperçu que la pochette de la monnaie était vide! J'y suis retourné le soir même, et grâce à je ne sais quelle intervention divine (Vénus peut-être qui ne voulait pas finir sur la plage de la Corniche à Sète), je l'ai retrouvée...