Dernière acquisition de Iotapianus

bel achat !! Superbe

Magnifique portrait, très fin, félicitations pour cet achat Iotap !

Ce qui me donne envie de développer un peu...
C'est à la fin de son règne que le monnayage d'Elagabale donne la priorité aux thèmes qui se rapportent à sa religion.
Le revers présente alors Elagabale qui sacrifie sur un autel, avec différentes légendes, les plus intéressantes étant celles qui font directement référence à sa fonction de grand prêtre :
INVICTVS SACERDOS AVG
SVMMVS SACERDOS AVG
Et bien sûr SACERD(os) DEI SOLIS ELAGAB(ali), "Prêtre du Dieu Soleil Elagabale", la seule opportunité (j'oublie volontairement le revers au quadrige qui transporte la pierre noire) de posséder une monnaie où apparaît le surnom sous lequel on connaît cet empereur aujourd'hui.

A l'avers la corne sur le front insiste sur l'essence divine de l'empereur. Cette particularité se rencontre déjà sur un certain nombre de monnaies grecques : les tétradrachmes et statères de Lysimaque offrent un portrait avec une corne de bélier, les grands bronzes ptolémaïques à l'image de Zeus Ammon également, etc...
Toutefois, si cette corne n'est pas rare dans l'iconographie grecque, c'est sa première (et dernière !) apparition dans le monnayage romain, une extravagance de plus que les Romains ne vont pouvoir que rejeter.

Sur Elagabale voir l'article de Michel Prieur
http://www.inumis.com/rome/articles/elagabale/elagabale2-fr.html

Merci pour les précisions Alwin.
Ils sont très bien tes deux deniers ! J'aime beaucoup le revers du second, avec le ELAGAB en titulature. Je sens que ça va devenir l'ojet de ma quête

sacré kebab qu'il tient
il va se payer une bonne bourre

L'exemplaire d'Alwin me rappelle l'hésitation du BMCRE : au revers, l'empereur tient-il une massue, ou une branche ???

D'aprés les fiches des monnaies de ce type, comme celles ci-dessous, il s'agit d'une massue (club, Keule):

http://www.coinarchives.com/a/lotviewer.php?LotID=171633&AucID=214&Lot=124

http://www.coinarchives.com/a/lotviewer.php?LotID=42113&AucID=16&Lot=1732

ALWIN A DIT :
j'oublie volontairement le revers au quadrige qui transporte la pierre noire
Elle m'a toujours intrigué cette fameuse pierre noire
Au secours Emblemiste
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_noire_(islam)

bradj ! J'avoue que je n'avais ouï parler de cette pierre auparavant. Apparemment, il ne s'agit pas d'une légende, mais plutôt dun fait historique. Mais le lien de Wikipedia que tu as donné est bien claire : entre autres pierres noires fameuses, comme celle de l'Islam, il indique :

" Le bétyle d'Élagabal d'Émèse (une météorite) fut rapporté à Rome par l'empereur Héliogabale qui était également son grand-prêtre. "

Extraits de "Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines" de Daremberg et Saglio

…Ceci paraît indiquer que dans la réalité un aigle de métal, les ailes éployées, se dressait en avant de la base où l'on posait la pierre sacrée et couvrait en partie celle-ci. Mais la pierre n'était pas à demeure sur cette base ornée de l'aigle. Quelquefois on l'exposait seule et dans son entier à la vénération des dévots, telle qu'on la voit dans le temple sur un bronze de l'usurpateur Sulpicius Antoninus entourée [ ] de quatre parasols, antique symbole oriental de puissance souveraine qui était déjà usité chez les Assyriens. D'autres fois, sans doute pour certaines fêtes solennelles, on l'habillait comme tous les bétyles, et alors elle disparaissait presque entièrement sous les parures dont l'aureus d'Uranius Antoninus la montre chargée.
…Caracalla donna à Émèse le titre de colonie de droit latin. Même après le changement de condition de la ville, la race des pontifes, autrefois rois, du dieu Elagabal, à laquelle appartenaient Julius Bassianus, père de Julia Domna et de ses soeurs [ ] resta en possession du sacerdoce et d'une certaine autorité politique au moins jusqu'à l'époque des guerres de Sapor contre les Romains [ ].
Quand, à l'avènement de Macrin, les deux filles de Julia Maesa furent obligées de quitter Rome et de retourner à Émèse, leurs fils Bassianus et Alexinus furent attachés par le droit héréditaire de leur ligne maternelle au sacerdoce d'Elagabal. Bassianus, âgé de quatorze ans, en était le grand prêtre, quand sa mère Julia Soemias parvint à persuader aux soldats, séduits par la beauté de l'enfant, de le proclamer empereur. […]
A peine Elagahale fut-il assuré de l'empire par la défaite de Macrin, qu'il n'eut plus qu'une pensée, installer son dieu à Rome et en faire le premier de l'empire, dominant sur tous les autres. En quittant Émèse pour la capitale du monde, il prit avec lui la pierre sacrée, et sur la route il consacra à Elagabal dans le Taurus un temple que Marc Aurèle avait élevé à Faustine [ ].
C'est pendant son séjour à Nicomédie qu'il se fit peindre dans son costume de prêtre, officiant auprès de la pierre sacrée. Il envoya ce tableau à Rome, avec ordre de le placer dans la salle du sénat au-dessus de la statue de la Victoire, prescrivant de plus que chaque sénateur en entrant brûlât devant de l'encens et fît une libation de vin ; c'est sans doute cette image que reproduisent les monnaies où il figure en prêtre. En même temps il décrétait que dans tous les sacrifices publics offerts à Rome et dans l'empire le nom d'Elagabal serait invoqué avant celui des autres divinités, même de Jupiter.
Venu enfin à Rome, il y fit son entrée solennelle vêtu de ses habits sacerdotaux syriens. Son premier soin fut d'y faire construire à son dieu, sur le Palatin, tout auprès du palais impérial, un temple magnifique [ ]. La pierre sacrée d'Émèse y fut installée en grande pompe, et l'empereur y rassembla autour d'elle la pierre de la mère des dieux, jadis apportée de Pessinonte, le feu de Vesta, les anciles, toutes les reliques sacrées les plus augustes de Rome, voulant qu'il n'y eût plus d'autre dieu qu'Elagahal et d'autre pontife que lui ; on prétendit ensuite que les Vestales ne lui avaient remis qu'un faux Palladium, gardant secrètement le véritable, à la conservation immuable duquel était attachée la fortune de Rome [ ].
Bientôt il voulut inventer des fêtes nouvelles et marier son dieu. Pour lui trouver une épouse, il pensa d'abord au Palladium ; mais l'idée d'une déesse guerrière lui déplut. Il lui parut mieux entendu de marier à Elagabal une déesse des mêmes religions, à un dieu-pierre une déesse-pierre, à une personnification solaire une personnification lunaire ; en conséquence il fixa son choix sur la Dea Caelestis de Carthage. Il fit venir à Rome son idole vénérée, une pierre conique que l'on disait avoir été consacrée par Didon, et il célébra les noces des deux divinités avec toute la pompe imaginable. L'empereur fit aussi construire un second temple au dieu Elagabal dans ses jardins du faubourg de Spes vetos. Chaque année, à l'été, la pierre divine y était conduite processionnellement. On la plaçait sur un char magnifiquement décoré de pierreries, traîné par six chevaux blancs, où aucun homme ne montait, comme si le dieu lui-même eût tenu les rênes ; c'est ainsi qu'elle est représentée sur plusieurs pièces d'or et d'argent d'EIagabale, les unes avec la légende Sancto Deo Soli Elagabal, où quatre parasols se dressent sur le char, entourant la pierre, les autres à la légende Conservator Augusti, où les parasols manquent et où le soleil rayonnant est représenté dans le champ de la monnaie, près de la pierre sacrée. L'empereur lui-même, en costume asiasique, menait les chevaux par la bride, marchant à pied à la tête du char, toujours à reculons pour ne pas quitter des yeux son dieu. Les gardes entouraient le char. A sa suite on portait les statues de tous les dieux de Rome, transformés en serviteurs d'Elagabal. Puis venait le peuple, tenant des flambeaux, jonchant la route de couronnes et de guirlandes ; enfin les troupes en armes fermaient la procession…

Iotapianus a écrit:

L'exemplaire d'Alwin me rappelle l'hésitation du BMCRE : au revers, l'empereur tient-il une massue, ou une branche ???

difficile de trancher nettement, sur le suivant c'est un peu pareil, difficile de savoir, en tout cas si c'est une massue, il avait une drôle de façon de la porter


super ton article :salut6:

alwin ! Excellent texte ! Explication exhaustive ! :mdr59:

Alwin
Emblemiste
http://dagr.univ-tlse2.fr/sdx/dagr/feuilleter.xsp?tome=2&partie=1&numPage=533&nomEntree=ELAGABALUS&vue=texte

Ça complete l'information. Quel type :affraid: !

crispus a écrit:

difficile de savoir, en tout cas si c'est une massue, il avait une drôle de façon de la porter

Je suis bien du même avis. Avec la meilleure volonté du monde je ne vois pas de massue ici...

Celle de la droite est assez différente des deux premières et semble plutôt un rameau. Les fiches de Coin Archives se réfèrent toujours à massue, si bien l'aspect de l'objet change beaucoup d'une monnaie à l'autre. Celle ci-dessous est l'unique où le mot Keule (massue, en allemand) est suivi d'un point d'intérrogation, signifiant un doute.

http://www.coinarchives.com/a/lotviewer.php?LotID=210773&AucID=288&Lot=422

Effectivement, sur la dernière, on distingue un rameau. Mais sur les deux premières illutrations qu'Alwin a insérées, je me demande bien ce que c'est. Je comprends bien qu'on l'assimile à une massue, comme celle d'Hercule :
http://imagedb.coinarchives.com/img/goldberg/046/image00128.jpg

Mon exemplaire aussi est "bouletté". Quel rameau pourrait présenter ces petites boules particulières ?

Iotapianus a écrit:

Effectivement, sur la dernière, on distingue un rameau. Mais sur les deux premières illutrations qu'Alwin a insérées, je me demande bien ce que c'est. Je comprends bien qu'on l'assimile à une massue, comme celle d'Hercule :
http://imagedb.coinarchives.com/img/goldberg/046/image00128.jpg

Mon exemplaire aussi est "bouletté". Quel rameau pourrait présenter ces petites boules particulières ?

Ca ne me parait pas etre un vegétal !

A moi non plus. Et puis j'imagine mal tenir un rameau de cette manière : on dirait que le "bout inférieur" est posé dans la paume de la main, et que l'empereur soutient plus qu'il ne tient. L'objet est appuyé au creux du coude, ça me ferait vaguement penser à une manière de te porter une arme pour une parade...
La façon dont Elagabal porte cet objet me fait supposer que son poids est supérieur à celui d'un rameau.

Pour moi il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'une massue faite d'une grosse branche, comme celle d'Hercule, et que les boules ne sont que des noeuds laissés par les rameaus dégrossis. Ça n'empeche pas que dans quelques cas la représentation soit mois que réaliste. Quant à la forme quelque étrange comme l'empereur la porte, il me semble que c'est à manière de sceptre, et cela donne une image bien claire de la façon comme il pouvait employer son pouvoir.

Iotapianus a écrit:

Merci pour les précisions Alwin.
Ils sont très bien tes deux deniers ! J'aime beaucoup le revers du second, avec le ELAGAB en titulature. Je sens que ça va devenir l'ojet de ma quête

ELAGABAL en entier
http://imagedb.coinarchives.com/img/nac/027/00459q00.jpg

Et encore... puisque c'est l'abréviation de la forme au datif ELAGABALI.
Mais c'est vrai que c'est plus développé et c'est beau, aussi.

Soyons plus raisonnable
http://imagedb.coinarchives.com/img/baldwin/nyc4/00384q00.jpg

Je pourrais m'en contenter... C'est bizarre, il n'y en a pas des masses sur Vcoins.

Plus raisonnable encore:

http://www.coinarchives.com/a/lotviewer.php?LotID=98980&AucID=105&Lot=596

Iotapianus a écrit:

L'exemplaire d'Alwin me rappelle l'hésitation du BMCRE : au revers, l'empereur tient-il une massue, ou une branche ???

Une branche de cyprès alors "Elagabalus standing facing, head l., sacrificing out of patera over lighted altar and holding cypress (?)" revers de l'exemplaire posté plus haut par Emblemiste
Un autre petit problème : à quoi correspondent ces espèces de mats de cocagne qu'on voit aux quatre coins du chariot transportant la pierre ?...A des parasols...évident !!! Voilà ce qu'en pense M.Prieur(dans son article donné en lien par Alwin) : "Les descriptions de "parasols" autour de la Pierre Noire portée en char sont une excellente plaisanterie, il s'agit d'images de palmiers portant des régimes de dattes"... FALLAIT Y PENSER et les chevaux du quadrige sont en fait des chameaux déguisés