Bonjour Iovi.
J’ai lu avec grand intérêt ton post sur les Aes rude et aes signatum.
La collection Strozzi était certainement la plus belle :affraid: dans ce domaine. J’ai recopié la préface du catalogue pour te donner un aperçu de cette collection. Je possède un catalogue original de la vente de 1907 à Rome, mais je sais qu’une réédition existe. Ce catalogue est vraiment une référence pour tous les passionnés qui, comme toi, s’intéressent à ce monnayage. On le rencontre de temps en temps dans certaines ventes aux enchères, car il est boudé par la nouvelle génération de numismate. Ce genre d’ouvrage se négocie à bas prix, ce qui fait le bonheur de passionnés comme nous.
Préface du catalogue de la vente Strozzi ( vente à Rome du 15 au 22 Avril 1907).
C’est avec le plus grand plaisir que, sur la demande de M Sangiorgi, de Rome, j’ai accepté de rédiger le catalogue de la collection Strozzi. En effet, peu de collections privées sont aussi instructives que celle-ci, et je déplore vivement de n’avoir eu à ma disposition qu’un laps de temps trop court pour examiner les incomparables séries de l’Etrurie et de la Grande Grèce.
J’ai tenté néanmoins de donner quelques indications précises, et j’espère que mon catalogue ne sera pas complètement inutile lorsque aura été dispersée cette magnifique collection.
Le Marquis Carlo Strozzi fut un enthousiaste des études classiques et un mécène éclairé. Il eut une grande influence sur le mouvement scientifique de la numismatique en Italie, qui reçut à cette époque une grande impulsion. Il fonda, après les essais trop spécialisés d’Olivieri et de Caucich, la première revue générale de numismatique qui ait paru en Italie. Cette revue, intitulée : Priodico di numismatica e sfragistica per la storia d’Italia, fut publiée de 1868 à 1874, et réunit des études de Bramdilla, Gamurrini, Garrucci, Pigorini, Kunz, J-B. de Rossi, G Riccio, Pellegrino Tonini, A Salinas. Ce fut en s’inspirant de son œuvre que Gnecchi et Ambrosoli fondèrent la Rivista Italiana di numismatica qui, avec tant de succès, dirige actuellement le mouvement scientifique en Italie.
Carlo Strozzi avait commencé par former, vers le milieu du siècle passé, une collection incomparable d’Aes grave et de monnaies étrusques. Les trouvailles principales de l’époque vinrent successivement enrichir ces séries, notamment celles de Quingento, de Fabbri, de Tarquinia, de Volterra, de Bieda, de Chiusi, de Vicarello et de Vulci.
Attiré peu à peu par ses goûts artistiques vers les monnaies de la Grande Grèce et de la Sicile, le Marquis Strozzi en réunit un nombre considérable, faisant preuve, dans le choix des pièces, d’un grand discernement. Ici encore, quelques trouvailles importantes vinrent ajouter des fleurons.
La célèbre trouvaille de monnaies romaines en or, faite à Cumes en 1868, et publiée dans le Periodico par Gennaro Riccio, le décida à entreprendre une collection de monnaies romaines. Cette nouvelle série devint bien vite célèbre, et il suffit de jeter un coup d’œil sur nos planches pour en comprendre tout l’intérêt.
Nous voyons que le savant napolitain n’avait pas tort en disant que cette trouvaille avait fourni des « joyaux comme jamais on n’en avait vu » (« dei fior di conio come mai si è visto »).
La collection Strozzi est restée plus de vingt ans sous scellés, et quoique, dans ces dernières années, un Strozzi ait un moment paru vouloir continuer à l’enrichir, voici qu’elle subit aujourd’hui le sort de presque toutes les collections privées ; mais, s’il est toujours douloureux de voir disperser les richesses artistiques d’un homme d’élite, on est heureux de penser que ces belles médailles sortiront de leur long sommeil, pour apporter dans les musées le précieux secours de leur documentation, et dans les collections privées la grâce et la beauté sévère de leur ornementation.
En espérant que mon post aura suscité chez toi un réel intérêt je te souhaite une bonne continuation.
A bientôt Le Professeur Brrr.