La mise en œuvre de la distinction entre les monnaies de Maximien et de Galère de l’atelier de Lyon pour la période mai 305-début 307 au moyen des caractéristiques du visage (nez retroussé, visage plus massif pour Maximien) - la seule méthode possible - est assez délicate.
Deux points de comparaison physionomique sont relativement fiables: d’une part les portraits de Maximien Auguste Senior (et de façon subsidiaire ceux de Dioclétien Senior en considérant qu’il y a un portrait tétrarchique standardisé) pour la même période -en incluant le début de l’année 307- qui sont eux relativement typés (nez retroussé et visage plus massif pour Maximien) et d’autre part les portraits de Galère de l’émission du printemps 307 (GPR avec himation). Une des caractéristiques des portraits des Augustes Seniors -ainsi que de ceux de Constance- est d’avoir une apparence plus âgée. Cela reflète probablement la réalité physiologique des personnages en question (âge et/ou maladie). Cet aspect « plus âgé » du portrait est rendu par la présence d’une ou deux rides frontales. Cet élément semble apparaitre de façon assez régulière pour les portraits des Augustes Seniors et de Constance et seulement de façon plus épisodique pour ceux de Galère et des nouveaux Césars (Sévère et Maximin). A noter à cet égard que les portraits de Sévère Auguste sont systématiquement réalisés avec un front ridé. Il est donc assez difficile de déterminer si ces rides frontales correspondent à une caractéristique physionomique personnelle liée à l’âge, à un signe symbolique distinctif de l’Augustat (en contraste avec les « jeunes » Césars) ou à une simple touche stylistique du graveur en charge ?
Néanmoins dans la mesure où les portraits de Galère de l’émission suivante du printemps 307 sont presque tous dépourvus de rides frontales cet élément, qui ne serait donc pas purement aléatoire, pourrait être pris en compte de façon complémentaire pour déterminer l’appartenance des portraits légendés Maximianus soit à Maximien soit à Galère. La classification notamment des numéros 370 et 371 de Bastien susciterait alors une certaine hésitation
Enfin on peut s’interroger sur les raisons de cette ambigüité, qui n’aurait toutefois guère pu troubler alors au-delà des cercles dirigeants. Même si des arrière-pensées politiques sont toujours possibles (les Tétrarques n’en manquaient pas semble-t-il pas) et leur transposition dans le domaine monétaire est aisée, l’événement qui fait se disloquer le système tétrarchique fondé sur la cooptation face aux tentations dynastiques, certes déjà préparées en son sein, est la mort prématurée de Constance, probablement déjà malade en mai 305, en juillet 306. Aussi de simples. commodité et facilité techniques de monnayage en utilisant des portraits déjà gravés combinées à une volonté politique d’assurer dans le monnayage une continuité tétrarchique, proclamée par ailleurs lors des cérémonies d’abdication, en gardant les mêmes marques d’émission et le même style de portrait et ce d’autant que Galère contrairement à Maximien et Constance n’a pas séjourné en Gaule, en sont les raisons plus probables.