J'ai posté ce texte sur Nummus Bible II suite à la présentation d'une monnaie de Procope.
Comme cela peut intéresser ici, voici :
Ci dessous un résumé succinct:
« Vrai empereur » et « petit empereur »
Propagande du pouvoir de l’empereur Procopius à la lumière de ses monnaies 365-366
Traduction résumée succinctement d’un article de Konstantin Olbrich paru dans Jahrbuch für Numismatik und Geldgeschichte, Bayerische numismatische Gesellschaft Munich 2008
En 365, des troupes proclament Procope, dernier descendant masculin de la lignée de Constantin le Grand, empereur à Constantinople contre Valens, le souverain de la partie orientale de l’empire.
Après des débuts victorieux et prometteurs, la rébellion s’effondra et Procope fut vaincu et exécuté fin mai 366.
Le revers d’une de ses monnaies la plus répandues de son cours règne, montre un détail qui pose problème à la recherche : au pied de Procope tenant un étendard se trouve un objet décrit par JWE Pearce dans le RIC come petit objet indéterminé. Pearce, toujours objectif dans ses descriptions et prudent dans ses interprétations réfute des tentatives plus anciennes de décrire l’objet comme étant un casque ou un captif et note avec raison une ressemblance avec la lettre T, un champignon, deux cercles superposés, un cercle sur une petite pyramide etc…
Pearce a probablement sans le savoir soulevé le voile d’une partie de la réponse. Le chercheur britannique travailla en son temps plutôt avec des monnaies en mauvais état de conservation. Entre temps, apparurent quantité de monnaies bien conservées permettant d’identifier sans aucun doute l’objet comme étant un champignon, élément inhabituel et probablement unique dans les différents utilisés par un empereur.
Il est probable qu’il s’agisse d’une utilisation devant montrer les ambitions politiques de Procope. Nous devons voir dans cette représentation une utilisation à des fins de propagande et probablement plus.
Afin d’étayer cette théorie, il faut décrire le type monétaire. Deux séries furent frappées en quantités presque équivalentes, l’une avec et l’autre sans champignon.
Description du revers :
REPARATI – IO FEL TEMP
Procope debout de face tourné à gauche tournant la tête à droite, tenant le labarum de la main droite et s'appuyant sur un bouclier de la main gauche ; dans le champ en haut à droite, un chrisme ; dans le champ à gauche, devant le labarum, un objet indéterminé.
L’empereur se représente comme victorieux, chrétien ( en opposition avec Julien II son prédécesseur). La légende se réfère, légèrement modifiée, au revers connu FEL TEMP REPARATIO des fils de Constantin (Constant et Constance II) et à sa volonté de rétablir les temps heureux. Ce choix n’était sûrement pas anodin car il permettait à Procope d’assoir sa légitimité en tant que descendant de la famille constantinienne.(Argument dynastique)
Procope, lors d’un discours, utilise deux arguments majeurs qui sont, d’une part, son origine de lignée et d’autre part, l’arriviste que représente à ses yeux le pannonien Valens.
En regardant de près le revers, il est clair que Procope se présente en vainqueur, bien qu’il soit de face, la tête tournée vers la droite semblant ignorer le champignon à ses pieds. Mais son pied semble prêt à l’écraser.
Ici, le champignon représente Valens soumis.
Cette interprétation de Valens, représenté par un champignon n’est pas sans explications. En effet, le champignon est connu pour sa capacité de pousser très rapidement, en une nuit. C’est cette symbolique de propagande que Procope utilise, lui le descendant du grand Constantin, lui le légitime de fait, par rapport à Valens qui comme un champignon semble sorti de nulle part, est apparu et devenu empereur.
Etrangement le champignon nommé « Boletus » en latin ou « Bolites » en grec se nomme « Kaiserling » soit « petit empereur » en allemand.
Qu’un champignon « bolet », répandu et consommé dans l’antiquité, ait été un amusant modèle pour Procope vis-à-vis de Valens, qui arriva presque en une nuit comme un champignon, n’est pas une hypothèse dénuée de fondements.