Médaillon énigmatique de Commode en CNG

Je vous offre la traduction du texte en anglais de la fiche du lien ci-dessous de la vente 294 de CNG, du 16 prochain, parce qu'il m'a paru très intéressant et contenir des renseignements numismatiques assez instructifs :

http://www.cngcoins.com/Coin.aspx?CoinID=226453

Un énigme

294, Lot : 997. Estimation US$3 000.

IONIE, Ligue des Treize Cités. Commode. 177-192 ap. J.-C. Æ Médaillon (47mm, 54,28 g, 6h). Marcus Claudius Fronto, asiarche et grand prêtre des Treize Cités. M AV KOMMOΔOC CEBACTOC HΛIOC HPAKΛ RΩMAI AV KA (Marcus Aurelius Commodus Augustus Sol Hercules Romanus Imperator Caesar), buste lauré et cuirassé à gauche, portant la peau de lion attachée autour du cou, dont la tête pose sur l'épaule avoisinant de l'empereur / ACIAC ΠPOTΩN EΦECIΩN ΠEPΓAMHNΩN, KOINON ΓΙ ΠOΛΕΩΝ/ ΠΡOM K Λ ΦPONTΩ/N (Des plus importants citoyens de l'Asie, Ephésiens (et) Pergamènes, Communauté des Treize Cités, par ordre de Marcus Claudius Fronto), Hercule assis à gauche sur un roc drapé de sa peau de lion, sa massue à son côté, prennant la main d'Augé, nue jusqu'à la ceinture, debout de face, sa tête à droite ; carquois avec des flèches à l'extrême gauche. RPC Online – ; J.U. Gillespie, " KOINON IΓ ΠOΛEΩN: A study of the coinage of the Ionian League ", RBN (1956), 25 (ce médallon; noté comme " faux[?] ") et cf. 12-13 (Antonin le Pieux ; pour le type de revers) ; U. Kampmann, " Eine gemeinsame Emission der Städte Pergamon und Ephesos für das Koinon der 13 ionischen Städte. Beiträge des Münzhandels zur Imperialforschung ", International Kolloquium zur kaiserzeitlichen Münzprägung Kleinasiens [Nomismata 1] (Milan, 1997), p. 86, note 12; cf. SNG France 2174 = von Fritze, Pergamon pl. VI, 10 (pour le type de revers) ; Kraft – ; cf. Tkalec (29 février 2012), lot 128 (Cyzique ; pour le type de buste). Presque SUP, deux tonalités de patine, vert olive et de forêt avec quelque métal nu apparaîssant à travers, champs adoucis, détails renforcés. Unique. LOT VENDU EN L'ETAT, AUCUN RENVOI.

Ex Gorny & Mosch 196 (7 Mars 2011), lot 3202 ; Collection Richard J. Graham (Schulman 243, 8 Juin 1966), lot 2485 ; Collection du Prince Christian August de Waldeck et Pyrmont (Münzhandlung Basel 3, 4 Mars 1935), lot 620.

Ce médaillon de Commode, avec un pedigree se remontant à la collection de Christian August, Prince de Waldeck et Pyrmont (1744-1798), est rien moins qu'un énigme. Si bien il fut considéré authentique lors de sa vente avec le reste de la collection Waldeck en 1935 par Münzhandlung Basel, et de nouveau en 1966 par J. Schulman – cette fois comme partie de la collection Richard J. Graham, d'autres ont eu motif pour douter de son authenticité. Gillespie, dans son catalogue des émission du Koinon, finit sa description de ce médaillon avec la phrase, " Forgery? " [" Faux ? "]. Kampman aussi eut des doutes sur l'authenticité de ce médaillon, notant que, tandis que H.A. Cahn l'avait déclaré " définitivement authentique ", le type de revers et la légende du médaillon étaient les principaux éléments pour argumenter contre son anthenticité, puisqu'il était exactement pareil à une émission homonoia de mêmes type et magistrat frappée sous Antonin le Pieux. Cette émission du Pieux peut être datée de non pas plus tard que 161 ap. J.-C., puisqu'elle faisait partie d'un groupe plus grand du même magistrat qu'incluait des émissions de Marc-Aurèle comme César. Si bien le portrait de l'avers de notre médaillon présente une similitude frappante avec une émission de Cyzique de Commode, le médaillon doit être daté d'au moins 192 ap. J.-C. à cause de l'imagerie manifestement herculéenne (répétée également sur le revers). Donc, c'est l'éxistence d'un magistrat d'exactement le même nom, occupant exactement la même charge pendant au moins trente ans après l'avoir occupée pour la première fois, qui en est l'aspect le plus débattable.

Leschhorn cita quatre exemples (tous du Koinon de l'Ionie) où M. Claudius Fronto est cité comme asiarche et grand prêtre des 13 cités : SNG von Aulock 7811 et 7814 (Antonin le Pieux) et 7815 (Marc-Aurèle comme César), et SNG Tübingen 2757 = BMC 2 (Antonin le Pieux). Gillespie nota qu'il y avait un M. Claudius Fronto qui pourrait avoir été l'individu mentionné sur ce médaillon. Cependant, Gillespie argumenta que le Fronto historique semblait avoir passé une grande partie de sa carrière en Dacie et Mésie et autres parties de l'empire plutôt qu'en Ionie. Il était aussi inusité (selon Gillespie) que Fronto aurait été promu à des postes très hauts après avoir éxercé le sacerdoce en Ionie. En outre, le Fronto historique probablement mourut quelque temps autour de 170 ap. J.-C. Incapable de concilier conclusivement qui était le Fronto du médaillon (considérant cette dernière inconsistence), Gillespie suggère, en forme non convaincante, que le médaillon de Commode était une pièce purement commémorative, en prennant le revers comme son type dû à son frappant dessin. Kampmann était clairement dérangé par l'apparition du même magistrat après un laps de trente ans. Si le dernier individu était un parent du précédent (comme un petit fils), pourquoi ne voulut-il pas se distinguer de son ancêtre moyennant l'inclusion du cognomen νεώτερος (le jeune) dans la légende ? Un fait dans le règne d'extrême possibilité, puisqu'il est trop inprobable que le Fronto des médaillons de Commode et Antonin le Pieux fussent exactement la même personne.

En outre l'anomalie d'un espace de presque trente ans en l'utilisation du revers (complet avec la même légende), le style du revers de ce médaillon, quand pris en comparaison avec les autres exemples connus de ce type publiés en Gillespie, est plus plat et mois raffiné. La tête de la peau de lion, visible sur les exemples illustrés, est tout à fait inexistante sur le médaillon de Commode. En son lieu, elle est remplacée par une grosse et difforme massue.

La légende du revers est également problématique. Normalement en Grèce, l'arrangement des nombres suit le modèle de décimales suivies par des unités. Donc, 13 serait rendu alphanumériquement en grec comme ΙΓ. Cependant, sur ce type de revers, le nombre fut rendu en la forme hautement inusitée de Γ suivie par I. Quiconque grava le revers du médaillon de Commode, ignorant de la numération, mais basé sur sa propre lecture de l'original, convertit le Γ en un T – un changement visible sous un examen minutieux avec une loupe, mais inaperçu tant par Gillespie comme par Kampmann.

L'avers dérive d'un type connu (mais mal préservé) de Cyzique (SNG France 759), qui servit de modèle pour la médaille. La finesse de l'avers du médaillon de Commode semble plutôt étrange quand on le compare à la frappe plus platte du revers, puisque les médaillons étaient normalemente destinés à être des pièces de présentation, et des limitations étaient établies dans la frappe de tels objets si grands et détaillés.

Très probablement le propos de ce médaillon fut celui de pourvoir un exemple numismatique de Commode en sa personnification d'Hercule pour son patron collectionneur. Le portrait sur la monnaie de Cyzique était une réalisation hautement artistique, donc, un des spécimens qui éxistaient alors servit de modèle pour l'avers. Le revers paraîtrait également approprié avec son imagerie herculéenne. Cependant, le problème est que le fabricant utilisa un dessin de revers fort probablement basé seulement sur un dessin linéaire du revers, étant donné qu'en ce temps-là les manuels numismaiques étaient illustrés avec dessins linéaires d'une seule face, et souvant ne faisaient aucune connexion entre avers et revers appropriés. De cette façon, le fabricant n'était pas au courant de l'avers non-Commode avec ce type particulier de revers. Il n'était pas averti non plus (ou ne se souciait pas) de la légende grecque, puisque le dessin était ce qu'importait davantage pour un riche collectionneur potentiel du dix-huitième siècle.

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Médaillon énigmatique de Commode en CNG 208a8if