Le moustique en Elymaïde

Kamnaskires-Orodes, Van't Haaf 12.3 1-1B, drachme de 17mm/14mm. Représentation faciale de facture assez rustique du roi barbu, ancre à droite surmontée d'un croissant ouvert sur la gauche et centré par une étoile ou un point. Motif dont la signification est inconnue au revers.
Le portrait est parfaitement conforme à l'iconographie Parthe d'Elymaïde, représentation frontale, peu expressive, adynamique, traits grossiers et simplistes. La pièce est assez usée.

Néanmoins charmante.

Malgré leur côté peu élaboré, ces pièces sont effectivement belles, ce que j'en aime, c'est surtout la palette de couleurs offerte par l'alliage et son oxidation partielle. De plus, le côté barbu hirsute au diadème et le motif du revers sont carrément psychédéliques

Oui , elles sont sympas ces monnaies ...!!!!

Loutre a écrit:

Néanmoins charmante.

je plussoie !

Phraatès, 1ère moitié du 2ème siècle. Drachme de 15mm sur 13mm pour 4g. Roi barbu regardant à gauche, portant un diadème à ruban noué à la nuque, ancre surmontée d'un croissant centré par un point. Motifs abstraits au revers: tirets en ordre régulier, parallèle.



Cette monnaie n'est pas classée dans le Van't Haaf. Néanmoins, elle est indubitablement du type 14.7 (revers, buste à gauche, tiare à croissant et point). En revanche, ni les sous-types 1.1/1.2 (légende à l'avers) ni 2-1 (Ancre à une barre horizontale) ne correspondent. A titre personnel, je la classe 14.7 2-1X

Excellent choix.

toujours aussi mystérieux ce revers.......!!!

En fait, j'ai l'intime conviction qu'il s'agit d'une représentation d'amandines aux poires, dont peut-être que le roi était friand

Le moustique , il ne faut pas plaisanter avec le manger à 11h52 .....!!!!!

Le moustique en Elymaïde I

La première fois que j’ai lu le nom d’« Elymaïde », était lors de la lecture de l’ouvrage de Louis Vanden Berghe « Reliefs rupestres de l’antiquité iranienne ». Est-ce le charme de sa sonorité particulière, mais j’ai immédiatement été intrigué par la description que l’iranologue donnait de cette terre correspondant grossièrement à l’actuel Khuzestan, et surtout, par l’évocation des sites Parthes qu’elle abrite, au premier rang duquel Tang-e Sarvak. C’était il y a quelques années déjà, et il m’a fallu attendre Août 2011 pour le visiter enfin.

L’Elymaïde s’étendait aux plateaux et vallées des monts Bakhtiari, du nom de l’ethnie éponyme composant les tribus originellement nomades qui les peuplent. Son territoire allait de Behbehan et Ramhormoz au Sud, jusque Izeh, et la Susiane au Nord, variant de conquêtes en défaites au cours du temps. Après la chute de l’empire Perse Achéménide, si la Susiane est gouvernée par les Séleucides, le reste des territoires Elyméens restent indépendants, les tentatives du pouvoir grec de s’en emparer essuyant plusieurs défaites. La fragilité de la domination Séleucide permet même à Kamnaskires-Orodes de reprendre la Susiane aux grecs en 148-147 BCE , pour une brève duré. Le Parthe Mithridate Ier le Grand s’empare en effet de la Susiane en 140, puis du reste de la province en 139-138 BCE. Faisant allégeance au pouvoir Parthe, les princes Elyméens conservent néanmoins une indépendance relative, et le privilège de battre monnaie. Ce Statu Quo dure jusqu’en 224 CE, lorsque que L’Elymaïde tombe avec l’empire Parthe sous le pouvoir des Perses Sassanides menés par l’ancien roi de Perside Ardéchir Ier le Grand.

Outre ses monnaies de bronze si particulières, les princes d’Elymaïde nous ont laissé de nombreux reliefs rupestres, tous taillés à l’époque Parthe. La sculpture rupestre y connaît donc alors une période florissante, s’exprimant sur des sites en général difficiles d’accès, sur des rocs isolés, dans des gorges (Tang) ou des flancs montagneux (Kuh), généralement sur des routes antiques, mais parfois très éloignés des voies et sites de peuplement connus. On dénombre 12 reliefs Elyméens répartis sur 9 sites :

Au Nord de l’Elymaïde:

- 2 reliefs très dégradés et isolés de tout ont été découverts en 2000 à Sheivand, et à Shirinow Bazoft, Cette découverte récente laisse clairement entrevoir la possibilité que d’autres sites isolés restent à découvrir.
- Le relief de Kuh-e Tina
- Kuh-e Taraz
- Tang-e Butan Shinbar
- les reliefs de Hung-e Nauruzi (en Bakhtiari: Xung-e Ajdar), Hung-e Yar-e Alliwand, Hung-e Kamalwand, dans les environs immédiats d’Izeh

Au sud de l’Elymaïde : pas moins de 4 reliefs se trouvent dans la gorge de Tang-e Sarvak, ce qui en fait le site le plus emblématique de cet art.

L’art rupestre Parthe Elyméen se caractérise par sa facture provinciale, rude, plate, adynamique, statique, et frontale. Son caractère est plus iranien que ceux des reliefs parthes connus sur d’autres sites, tout en intégrant également des influences Hélénes. Ses thèmes sont hiératiques, officiels (glorification de princes et hommages, investiture), spirituels (offrandes aux autels), introduisent pour la première fois en Iran le thème de la chasse, et celui de la victoire équestre. Il préfigure clairement l’art rupestre Sassanide, en dessinant la plupart de ses thèmes principaux.

le moustique en Elymaîde II

Tang-e Sarvak (en Bakhtiari Tang-e Soulek, litéralement « gorge des cèdres » en raison de l’abondance d’une espèce locale de ces arbres) est un défilé montagneux situé à environ 40km au Nord de Behbehan. Il est situé sur une route antique reliant la plaine d’Ispahan à la Susiane. Le site ne peut être accédé qu’à pied, en remontant le défilé sur plusieurs km. La découverte chemin faisant des restes de quelques segments pavés de la route antique datant des Achéménides, comme la beauté du paysage aride et accidenté m’ont quelque peu aidé à supporter ces 3h de marche par une chaleur écrasante (ce jour tapait à 52°C…). En voyant la beauté d’un tel paysage, j’ai pensé que c’était une des raisons qui ont poussé ces princes antiques à choisir un tel site pour exprimer leur royauté.

Le moustique en Elymaïde III :

Relief deTang-e Sarvak I :

Le Relief se compose de 2 panneaux gravés à même un bloc rocheux isolé.

Le premier panneau est gravé sur 2 faces du rocher, et montre une scène d’offrande d’un prêtre devant un autel, à Héraclès-Verethragna (un syncrétisme entre Héracles et le dieu de la force iranien Verethragna a permis d’assimiler ces divinités après la conquête de la Perse par les acédoniens), en présence d’Orodes. Le dieu est sur la gauche, main gauche posée sur la massue, séparé du prêtre par un autel occupant l’angle du rocher, à la droite de la scène, Orodes. Le deuxième panneau montre 2 personnages debout, peu-être spectateurs de l’offrande.

La suite bientôt...

Un grand merci Moustique pour ces photos qui m'ont permis de voyager sur les terres de ces petites monnaies qui me plaisent autant ! La prochaine fois, si tu as besoin d'un porteur (d'appareil photo, pas d'eau...) je suis là !

Merci beaucoup pour ces sublimes paysages et pour les considérations érudites !
Superbes !
Par contre, pourquoi cette présence de gravure en des lieux si isolés ? La volonté qu'ils survivent mieux au temps ? Le lieu, chargé de beauté et d'histoire ?...

Magnifique endroit, ou le calme n'a d'égal que la majesté

pour ces photos Moustique ! Peux-tu nous donner la hauteur approximée du rocher sculpté, puisque les photos ne donnent aucun image comme référence ?

Très intéressant !

dynamosquito de nous faire voyager un peu

@tous: merci

@Desiderius: même l'eau chaude y paraît délicieuse, tant nous étions deshydratés malgré l'apport d'eau. J'ai bu plus de 3 litres immédiatement après la marche... Pour info, nous étions accompagné par un gamin de 19ans du village local, il était en tongs et sautait d'un roc à l'autre frais comme un gardon tandis que moi et mon chauffeur... J'ai dû laisser le chauffeur aux 2/3 du chemin à l'ombre avec de l'eau, un iranien (mais citadin) de 25 ans qui faisait le kéké en refusant de suivre mes consignes de précautions: pauses à l'ombre, boisson, utilisation de la brise pour rafraîchir par convection... Le gars était moins fier après avoir vu que le français quarantenaire fumeur et ventripotent... Ah ces jeunes!

@Chut: Les reliefs sont aujourdhuis isolés, mais à l'époque, ils étaient sur une route fréquentée. Dans la plupart des cas les reliefs iraniens antiques sont situés à proximité de lieux emblématiques ou sacrés, routes, rivières et source: "trouvez la montagne et l'eau, et vous trouverez le relief". Certains sites ont d'ailleur été repris par plusieur dynasties tels que Sar-e Pol (Lullubi puis Parthe), Izeh (Elamite puis parthe), Behistun (Achéménide puis parthe), Naqsh-e Rostam (Elamite puis achéménide puis Sassanide)...

@Emblémiste: le rocher mesure 3,7m de haut.

Bonjour à toutes et à tous.

Un grand merci Dynamo pour ce formidable reportage. J’attend la suite avec impatience .

A bientôt.

Le Professeur Brrr.

dynamo ! C'est assez grand !

Les 2 plus massifs étant le II et le III.

Pas de photos de ceux-là ?

[quote="dynamosquito"]@tous: merci

@Desiderius: même l'eau chaude y paraît délicieuse, tant nous étions deshydratés malgré l'apport d'eau. J'ai bu plus de 3 litres immédiatement après la marche... Pour info, nous étions accompagné par un gamin de 19ans du village local, il était en tongs et sautait d'un roc à l'autre frais comme un gardon tandis que moi et mon chauffeur... J'ai dû laisser le chauffeur aux 2/3 du chemin à l'ombre avec de l'eau, un iranien (mais citadin) de 25 ans qui faisait le kéké en refusant de suivre mes consignes de précautions: pauses à l'ombre, boisson, utilisation de la brise pour rafraîchir par convection... Le gars était moins fier après avoir vu que le français quarantenaire fumeur et ventripotent... Ah ces jeunes!


je n'ai jamais été jusqu'à 52° en Grèce, mais tout de même 49° (oups !) et c'est déjà "bien". C'était en plein mois d'août 1998 et en plus de la canicule courante en été, nous avons eu un vent du sud, porteur de sable rouge du désert qui dégueulasse tout, et des feux qui se sont étendus sur les montagnes entourant Athènes et le Pirée... Tu as l'impression très nette que tout fout le camp et que c'est l'apocalypse ! Le samedi en début d'après-midi (je n'ai jamais oublié le jour !), je rentrais du boulot. Les grands boulevards étaient complètement vides, ce qui n'arrive jamais à Athènes, et je devais aller au supermarché. Il y avait de grosses boules de buissons ronds et secs (comme dans les films au far-west) qui roulaient sur les boulevards, et vraiment vraiment personne ! Je suis rentré chez moi avec peine. Toutes les plantes avaient cramé sur le balcon, à auteur de ce qui dépassait de la rambarde. C'est à dire toutes les têtes ! Complètement desséchées ! Il a fallu tout couper. J'ai passé le reste de la journée enfermé, en allant du lit à la baignoire et avec les ventilots (je n'avais pas de clim)... Alors je suis surpris que tu aies pu marcher, à ton âge (!) et ventripotent Je connais aussi de boire des litres d'eau sans pouvoir s'arrêter ! Ca fait un bien incroyable ! Le paradis en enfer !
PS: j'ai acheté la clim au printemps suivant...

Sachant quelle T° il y allait avoir, j'avais pris les mesures qui s'imposent: Bouteilles d'eau congelée, chemise longue et blanche, chapeau couvrant, lotion, et la marche a été longue (3h malgré un trajet court (8 à 10km), consistant en des sauts de puce d'une ombre d'arbre à l'autre... J'avais également arrêté 2 jours avant les 2 médicaments à risque que je prends habituellement, et pris du paracétamol de principe... Après, savoir ce qu'il y a au bout du chemin et avoir tellement souhaité le voir fait le reste... Pour info, je me souviendrais longtemps de la douche tout habillé que j'ai pris avec une eau délicieusement fraîche en fin de journée plus au sud, vers Mamasani: un bassi avec une source qui jaillissait au sein d'une rizière, entouré de libellules multicolores... Incroyable sensaion de paradis... Je me souvient que pendant ces 3 jours de périple, je ne me suis nourri que de Dough, sorte de boisson au yaourt fermenté, de menthe, et de pain. Du fait de la chaleur, je n'arrivais pas à ingurgiter autre chose