467
La légende de TirésiasLa monnaie grecque des liens ci-dessous, de Pelinna, Thessalie, porte sur l’avers un cavalier thessalien casqué et cuirassé chargeant avec une lance abaissée sur en cheval sautant à gauche, et, sur le revers, Manto debout de face, la tête tournée vers sa droite, tenant avec sa main gauche sa boîte ouverte et gesticulant de sa main droite abaissée vers la demi-image de son père aveugle
Tirésias qui émerge des Enfers tenant une dague dans sa main droite.
http://www.cngcoins.com/Coin.aspx?CoinID=199133http://www.cngcoins.com/Coin.aspx?CoinID=207708 Tirésias fut un des plus célèbres devins de l’Antiquité, descendant de Evérès, l'un des " hommes semés " par Cadmos (voir mon post N.º 101,
La légende de Cadmos, dans cette série), d’où il est parfois apellé Euêreidês, et appartenait à l’antique famille des Udaeus de Thèbes. Sa mère était la nymphe Chariclo
, compagne favorite d'Athéna (Pallas, Minerve), et les deux amies aimaient volontiers se baigner nues dans une source du mont Hélicon. Un jour, le jeune
Tirésias était à la chasse non loin de cette source et, voulant sans doute rejoindre sa mère, il s'approcha et surprit Athéna dans le plus simple appareil
. La déesse lui mit la main sur les yeux, ou les frappa avec de l’eau, et
Tirésias perdit la vue
. Chariclo lui reprocha sa cruauté envers son fils
, alors Athéna lui expliqua que tout mortel qui voyait un dieu contre la volonté de celui-ci devait perdre la vue. Pour le consoler :plane: , Athéna purifia les oreilles du jeune homme, ce qui lui permit comprendre le langage des oiseaux et, ainsi, de deviner l'avenir. Elle lui donna un bâton de cornouiller grâce auquel il pouvait se diriger aussi bien que s'il avait des yeux. Enfin, elle lui accorda le privilège de vivre durant sept générations et même après sa mort son don de voyance persisterait.
Il existe d'autres récits sur la perte de la vue de
Tirésias. Jeune homme, il se promenait sur le mont Cythéron (d’autres disent Cyllène) en Arcadie lorsqu'il découvrit deux serpents entrelacés. Il resta les observant pendant des heures, après lesquelles les ophidiens sentirent sa présence et, ne voulant pas être dérangés, l’attaquèrent
. Pour se defendre,
Tirésias se mit à les frapper de son bâton. La femelle périt mais il fut lui-même aussitôt métamorphosé en femme
. Comme femme,
Tirésias devint une prostitute de grande renommée pendant sept ans. Alors, toujours au cours d'une promenade, elle tomba de nouveau sur deux serpents accouplés (une variante de la légende dit qu'elle avait rencontré en fait chaque fois le même couple de serpents et n'en avait tué aucun
). De nouveau, elle les attaqua, tuant cette fois le mâle et faisant fuir la femelle. Alors elle redevint un homme aussitôt.
D'autres versions ont cours, concernant l'acquisition de son don de devin. Un jour, une querelle s'éleva entre Zeus (Jupiter) et Héra (Junon) pour savoir qui, de l'homme ou de la femme, éprouvait le plus de plaisir pendant l’acte sexuel
. Zeus prétendait que le plaisir de la femme était le plus intense. Héra n'en voulait rien croire.
Tirésias fut choisi comme arbitre en raison de sa double expérience et il rapporta que, s'il fût possible mettre le plaisir sexuel dans une échelle d’un à dix, alors les hommes seraient situés à un et les femmes à trois fois trois. Vexée d'être contredite et de voir un secret trahi
, Héra frappa
Tirésias de cécité en raison de ce qu'elle jugeait être son " aveuglement "
. Zeus, qui ne pouvait pas réparer les dégâts causés par son épouse, consola
Tirésias en lui accordant la vision intérieure, c’est-à-doire la sagesse et le don de prophétie, et la compréhension du langage des oiseaux
.
Tirésias exerça partout ses talents. Il avait sa demeure près de Thèbes et se faisait assister dans ses sacrifices par un adolescent. Avec Cadmos, il instaura le culte de Dionysos à Thèbes
alors que Penthée, l'impie qui le rejetait malgré les avertissements du devin, fut mis en pièces par des Ménades déchaînées auxquelles s'était jointe sa propre mère
.
En qualité de conseiller d’Oedipe, roi de Thèbes
(voir mon post N.º 355,
La légende d’Oedipe, dans cette série),
Tirésias lui mit en garde contre le destin qu'il osait affronter. Lorsque les Sept Chefs se liguèrent contre Thèbes et son roi Etéocle
à l'appel de Polynice, il annonça que la ville serait sauvée par le sacrifice à Arès (Mars) d'un jeune homme: Ménécée se dévoua en se jetant dans l'antre d'un dragon. Après la défense victorieuse de Thèbes, il prescrivit à Créon, le régent, " d'enterrer les morts et de déterrer les vivants ". Créon s'exécuta trop tardivement : il se résigna à ensevelir Polynice mais Antigone s'était déjà pendue dans le caveau où on l'avait enfermée ; son fils, Hémon, s'était suicidé, ainsi que son épouse, Eurydice. Enfin, lors de l'expédition des Épigones, les successeurs des Sept Chefs, il annonça cette fois que Thèbes serait vaincue et conseilla au fils d'Etéocle, Laodamas, à entamer des négociations de paix et profiter de l’occasion qu’elles offraient pour s’enfuir de la cité en faveur de la nuit. Il s’échappa lui-même avec eux
.
Cependant, d’après une autre tradition,
Tirésias mourut précisément le jour de la prise de Thèbes pour avoir bu l'eau de la fontaine de la nymphe Telphousa à Haliarte. Une autre version de sa mort dit qu'il fut d'abord prisonnier des Épigones et qu'il fut conduit à Delphes avec sa fille Manto
(voir mon post N.º 129,
La légende de Manto, dans cette série) pour y être consacrée à Apollon. Il serait mort en cours de route (ou à Delphes). Une autre tradition encore rapporte qu'il suivit Manto à Colophon, en Asie Mineure où il mourut. Il eut des funérailles solennelles célébrées en présence du devin Calchas (voir mon post N.º 426,
La légende de Calchas, dans cette série) et de nombreux autres prophètes. Sa réputation ne s'éteignit pas avec sa vie. La magicienne Circé envoya Ulysse consulter son âme aux Enfers (voir mon post N.º 109,
La légende d’Ulysse et Circé, dans cette série). Il était en effet le seul qui eût conservé après sa mort son don (accordé par Zeus ou par Athéna, ou encore par Perséphone) de devination. Ulysse sacrifia une brebis noire dont il lui fit boire le sang et
Tirésias lui révéla tout ce qui devait encore lui arriver dans son existence.
Son tombeau était montré dans le voisinage de la fontaine Telphusa, près de Thèbes, mais aussi en Macédoine ; et la place près de Thèbes où il avait l’habitude d’observer les oiseaux était signalée comme un site notable même en temps plus avancés. L’oracle associé à son tombeau perdit son pouvoir et devint muet au temps de la plaie orchomenienne.
Berthélemy Aneau dédia un emblème de son livre
Imagination poétique (1552), en vieux français, à l’épisode du litige entre Jupiter et Junon tranché par
Tirésias, lequel constitue une des versions de la cause de sa cécité et de ses pouvoirs divinatoires.
[size=24]
JUPITER EQUITABLE[/size
Avec Junon, Jupiter debattoit
Lequel des Dieux, l’homme, ou la femme estoit,
Au charnel acte agir plus delecté :
Et qui avoit plus grande volupté.
Juge eleu fut de ce joyeux proces
Tiresias le sage: qui pour ses
Mutations d’homme en femme en savoit,
Et essayé les deux Venus avoit.
Lequel jugea, qu’en l’acte du desir,
La femme y a plus que l’homme plaisir.
Ainsi donna pour Jupiter sentence,
Parquoy Juno trop cruelle en vengence,
Le feit aveugle en luy crevant les yeux.
Mais Jupiter tres juste sur tous Dieux.
Pour de ses yeulx la recompense avoir
Luy octroya les cas futurs scavoir.
En ceste fable, ou l’aveugle devine,
Est l’equité de Justice divine.
Qui le default, de ce qu’au corps perit:
Bien recompense en graces d’esperit.
Car il advient bient souvent : que plusieurs
Destituez des sens exterieurs,
Ont la vertu de l’esp’rit plus ague.
Parquoy, nature inique nul nargue.
Pelinna (en latin Pelinnseum) était une antique ville grecque avec un célèbre temple de Zeus Pelinnaeus, à Estiaeotis, l’antique Thessalie. Elle était située entre Tricca et Pharcadon, près de l’actuelle Palaiogardiki (préfecture de Trikala). La ville gagna une importance spéciale au IVe siècle av. J.-C. Grâce à l’alliance avec Philippe II de Macédoine
.
Pour d’autres sources de cette légende et cette ville, voir les liens suivants :
http://www.mythologica.fr/grec/tiresias.htmhttp://www.in2greece.com/english/historymyth/mythology/names/tiresias.htm (en anglais)
http://en.wikipedia.org/wiki/Tiresias (en anglais)
http://www.mythindex.com/greek-mythology/T/Tiresias.html (en anglais)
http://www.maicar.com/GML/Tiresias.html (en anglais)
http://en.wikipedia.org/wiki/Pelinna (en anglais)