Les monnaies grecques de Brennos

C'est du lourd, quel style ! La perfection !
Tu as raison, elle n'a rien à envier aux productions syracusaines !
J'achèèète !

Merci

Magnifique !

Brennos a écrit:

Après trois mois de disette , quelques belles rentrées comme ce statère de Terina.

Italie Bruttium, Terina, 400-356 av. J.C. AR Stater 7.38g.
D:/TEPINAIΩN Tête de nymphe à droite
R:/Nike assise sur un cippe à gauche, un oiseau posé sur la main droite
ref. Holloway & Jenkins 84, HN Italy 2629



On sait peu de chose sur Terina. La ville a été fondée quelque temps avant 460 avant JC par des colons de Crotone, probablement après la défaite de Sybaris vers 510. Elle était considérée comme le lieu de sépulture de la sirène Ligeia.

Terina est à à la fin du Ve siècle au faîte de sa prospérité et de son pouvoir régional bien que subissant la domination de Syracuse. Le droit de la monnaie est évidement influencé par l'Arethuse du graveur syracusain Euainetos mais l'élève n'a rien à envier au maître...

Je la trouve presque plus belle que son modèle... Sublime!

Quittons brièvement la Grande Grèce et la Sicile (pas pour très longtemps ) et naviguons vers l'Est en direction des Cyclades et plus précisément de l'île de Paros.

Cyclade, île de Paros, 520-500 av. J.C. AR Drachme 6.00g.
D:/Chèvre chargeant à droite, la tête relevée ; grènetis circulaire
R:/Carré creux quadripartite informe.
ref. SNG Lockett 2619.



Certainement influencées par Egine, les îles des cyclades sont parmi les premières citées à frapper monnaies dont Paros qui reprend un type que l'on trouve sur des gemmes remontant à l'époque minoenne. Ici des gemmes du 7eme siècles trouvées à Melos :



Les monnaies sont frappées selon l'étalon monétaire éginetique : statère de 12g

Paros tombe sous le joug d'Athènes et se voit contrainte de verser plus de 19000 drachmes au titre de la contribution à la ligue de Delos et d'adopter le monnayage athénien à partir de 480-75

Bravo ! Les monnaies des Cyclades sont super dures à trouver.

Intéressant cette comparaison avec les gemmes...

Oui , le monnayage des Cyclades est très intéressant à étudier. Malheureusement difficile à collectionner car les monnaies sont assez rares et plutôt chères  

La bonne surprise c'est qu'en relisant l'étude de Sheedy sur le trésor de Paros IGCH 13 inventé en 1935 et contenant une centaine de drachmes de PAros, j'ai eu l'agréable surprise d'y trouver ma monnaie !! C'est la photo d'une photo d'une photo prise à l'origine par l'American Numismatic Society qui a brièvement étudié des monnaies du trésor avant leur dispersion mais ça semble bien coller.

toujours sympa d'avoir le pedigree d'une monnaie surtout en ces périodes de durcissement de la réglementation...

Pour coller ca colle

Sublime ....!!!

Peu importe le prix , quand gemme , je ne compte pas ....!!!

Beau pédigrée aussi ....!!!

BRUTUS a écrit:

Peu importe le prix , quand gemme , je ne compte pas ....!!!

Brillant !!

Et le plus beau des pedigrees en prime, celui des origines  

Génial le pedigree !

Retour en Sicile pour vous présenter un rare tétradrachme archaïque de Syracuse.

Sicile, Syracuse, 510-500 av. J.C. AR Tétradrachme 17.43g.
D:/SVRA Quadrige au pas à droite.
R:/Carré creux partagé en quatre carrés. Au centre dans un cercle creux, tête d'Aréthuse à gauche, les cheveux en pointillé retombant sur la nuque.
ref. Boehringer 28 (V20/R14)  




La monnaie était proposée à la vente sans aucun pedigree ce qui m'a certainement permis de pouvoir l’acquérir. La plupart des monnaies archaïques de Syracuse ont transité dans de célèbres collections privées et les prix ont une fâcheuse tendance à s’envoler.

Vous commencez à connaitre mon coté « Quellenforschung » obsessionnel qui encore une fois à fait mouche    . Après l'héritier de la bière  Guiness (cf le tetradrachme de Rhegion que j'ai débusqué à Munich), voici l’héritier d'une maison de champagne puisque la monnaie a appartenu au Comte François Chandon de Briailles, célebre collectionneur du début du 20eme siècle. Il a fait don des monnaies grecques de la période classique au cabinet des médailles et sont consultables ici :

https://gallica.bnf.fr/html/und/objets/collection-francois-chandon-de-briailles-1953

Les monnaies des périodes archaïques et hellénistiques ont été dispersées par Emile Bourgey en 1959 et la présente monnaie figure à ce catalogue sous le numéro 156. Elle a probablement été achetée par Jean Vinchon puisqu'on la retrouve dans son catalogue de vente de 1961.

Syracuse est à cette époque dominée par une aristocratie terrienne, les Gamoroi. Ils sont les premiers à frapper des tétradrachmes de poids attiques en occident (Sicile et Grande Grèce). On suppose qu'ils ont pu être influencés par les monnayages Thraco-Macédoniens par exemple Olynthe



Suite à une Stasis, les Gamoroi perdront le pouvoir politique à Syracuse en 485 et Gelon de Gela s'y installera comme tyran.

Superbe portrait au revers et pedigree, bravo

Sinon, où trouves-tu les catalogues Bourget, j'ai un denier venant d'une de leurs ventes, mais pas moyen d'en savoir plus.

Sublime....!!!

Splendide!

Dommage que ce genre de pedigree se perde au fil du temps (le côté obsessionnel est clairement une qualité pour le numismate collectionneur!)

Bravo ! Très belle monnaie !

Brennos a écrit:

Suite à une Stasis, les Gamoroi perdront le pouvoir politique à Syracuse en 485 et Gelon de Gela s'y installera comme tyran.

Ne connaissant pas ce terme de "Stasis" j'ai cherché et trouvé sue Wiki cette description qui résonne particulièrement avec les "évènements" sociaux actuels !

"La stasis (στάσις / stásis), est le terme par lequel les anciens Grecs désignaient une crise politique, morale et sociale qui résulte d'un conflit interne à une cité-état (polis), souvent entre les riches et les moins riches, notamment à Athènes entre les Eupatrides (les « bien-nés ») et ceux que l'aristocratie désigne sous le nom de kakoï. Elle peut être traduite par les termes de discorde, de décadence, d'effondrement des valeurs aristocratiques, troubles civiques et même révolte.

La plupart des cités grecques connurent des manifestations de la stasis aux époques archaïques et classiques. Cette crise est perçue dans les sources, tant comme une souillure civique que comme une sédition. Son expression la plus aiguë est la guerre civile. Elle ne connaît ni règle, ni limite. Cette rivalité se traduit dialectiquement par des affrontements politiques ou des guerres civiles, par une suite de revendications, de victoires et de relatifs reculs qui résument l'histoire de la cité archaïque, de la tyrannie et du processus de démocratisation."

Magnifique !

Extraordinaire !

Une monnaie de rêve !

Brennos au top comme d’hab

J'adore ce style archaïque. Félicitations

merci

J'ai profité du retour du beau temps et d'une belle luminosité pour photographier les nouveautés, stay tuned

@Sergio, en effet comme souvent malheureusement l'histoire se répète
Sur le sujet, on peut trouver une synthèse récente avec bibliographie  "stasis as an essential aspect of the polis" dans l'ouvrage an inventory of archaic and classical poleis

Toujours en Sicile, nous nous déplaçons plus au nord à Leontinoi entre Syracuse et Katane. L'histoire de Leontinoi est très tourmentée,  la cité fait parti des premières implantations grecques de Sicile mais s'est très rapidement retrouvée sous la domination de ses voisins Gela et surtout Syracuse.

Elle recouvre son indépendance à la mort du Tyran Hieron I de Syracuse en 476 av. J.C.  et s'ouvre alors une période de prospérité d'une cinquantaine d'années durant laquelle sont frappés parmi les plus beaux tétradrachmes de Sicile.


Sicile, Leontinoi, 455-430 av. J.C. AR Tétradrachme 17.31g.
D:/Tête laurée d'Apollon à g.
R:/LEO-N-TI-N-OY. Tête de lion à g. , la gueule ouverte et la langue pendante, entourée de trois grains d'orge ; derrière la tête, une feuille de laurier.
ref. Boehringer 55, HGC Sicily 671



La feuille de laurier est  interprétée comme le différent d'un artiste/graveur dont le nom nous est inconnu : le "maestro della foglia" . Il a gravé des coins pour Leontinoi et Katane. Le petit nom de cette monnaie en particulier est "capelli di Apollo bagnati" , cheveux d'Apollo mouillés (c'est vrai qu'on a un peu l'impression qu'il sort de la douche )

Une anecdote intéressante concerne ce type "capelli bagnati" :

Monnaie longtemps très rare, les rares exemplaires proposés en vente étaient extrêmement disputés. A partir de 1982, de nombreux exemplaires pratiquement FDC firent leur apparition sur le marché et l'on ne tarda pas a apprendre qu'un trésor d'a priori plus de 2000 monnaies de ce type fut inventé , les monnaies présentaient toutes une même fraîcheur de frappe. Malheureusement, des faussaires ont mis la main sur quelques exemplaires et très vite de nombreux faux très dangereux ont fait leur apparition au milieu des années 80... jusqu'à nos jours Un expert italien estime autour de 40% la quantité de fausses monnaies mise en circulation  

Les prix ont forcément été tirés vers le bas (on pense aux 45000 tétradrachmes d'Athènes inventés récemment   ) Avec le temps, les monnaies authentiques du trésor ont développé une patine très jaune peut-être liée à une teneur en or plus importante que d'habitude dans le métal ? (pescennius si tu passes par là ...   )

Monnaie authentique :



Faux passé récemment en vente dans une prestigieuse maison de VAE :




Le paradoxe pour ce type provient du fait que pratiquement toutes les monnaies sont de conservation quasi FDC (vraies et fausses) et que finalement, la monnaie acquise par votre serviteur, qui est de qualité de conservation plus modeste mais avec une superbe patine de médailler, est bien plus rare et plus surement authentique