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La légende de ProméthéeLe médaillon impérial romain du lien ci-dessous porte sur l’avers la tête d’Antonin le Pieux à gauche et, sur le revers,
Prométhée assis à droite sur une cuirasse, modélant en argile l’image d’un homme ; devant lui, Minerve (Athéna, Pallas) debout à gauche, allongeant sa main droite pour communiquer la vie et l’intelligence à la figure.
http://coins.ha.com/c/item.zx?saleNo=3021&lotIdNo=32004#Photo Prométhée, que certains considèrent comme faisant partie des sept Titans, n’était en fait que le fils du Titan Japet et de Clyméné, et donc frère d’Atlas, Menoetius et Epiméthée ; d’autres le disent fils de Thémis, ou d’Uranus et Clyméné, ou du Titan Eurymédon et Héra. Son nom signifie “ prévision ”.
D’après la mythologie grecque, au début de la race humaine, ou après le déluge de Deucalion (voir le post N.º 362,
La legende de Deucalion et Pyrrha, dans cette série),
Prométhée créa les hommes de l’argile et de l’eau, quand Zeus (Jupiter) lui ordonna, et à Athéna, de former les hommes de la boue, et aux Vents de leur insuffler la vie.
Prométhée aurait alors donné aux hommes quelque chose de toutes les qualités possédées par les autres animaux.
Dans la légende, il apparaît souvent en liaison avec Athéna, à la naissance de laquelle il avait assisté lorsqu'elle avait jailli de la tête de Zeus, et qui lui enseigna l'architecture, l'astronomie, les mathématiques, la navigation, la médecine, la métallurgie et bien d'autres arts utiles qu'il communiqua aux hommes.
Prométhée avait prévu l'issue de la révolte contre Cronos et, par conséquent, préféra combattre aux côtés de Zeus ; il persuada Epiméthée de faire de même. Il était, à la vérité, le plus avisé de sa race
.
Mais Zeus, qui avait décidé d'exterminer totalement la race humaine, et qui ne l'avait épargnée que sur l'intervention expresse de
Prométhée, s'irrita de leurs talents divers et aussi de voir leurs pouvoirs s'accroître sans cesse
.
Un jour, une querelle éclata à Mecone (après Sycione), au sujet d'un taureau offert en sacrifice : personne n'était d'accord sur les morceaux qui devaient être consacrés aux dieux et ceux qui revenaient aux hommes.
Prométhée, appelé pour être l'arbitre du conflit, dépeça et découpa un taureau et avec la peau il fit deux sacs qu'il remplit de ce qu'il avait découpé. Le premier sac contenait toute la chair, mais il la dissimula sous l'estomac, qui est la partie la moins appétissante de l'animal, le second contenait les os cachés sous une onctueuse couche de graisse blanche. Lorsqu'il demanda à Zeus de choisir, celui-ci, facilement trompé, choisit le sac contenant les os et la graisse qui fut désormais la part réservée aux dieux ; mais Zeus punit
Prométhée en refusant le feu aux mortels
.
Prométhée se rendit aussitôt chez Athéna et la pria de le faire entrer secrètement dans l'Olympe, ce qu'elle lui accorda. Aussitôt qu'il y fut parvenu, il alluma une torche au char de feu d’Hélios, le Soleil, et il en détacha un morceau de braise incandescente qu'il glissa dans la tige creuse d'un fenouil géant. Puis, éteignant sa torche, il s'enfuit sans être aperçu et donna le feu aux hommes. Zeus jura de se venger. Il donna l'ordre à Héphaïstos de fabriquer une femme en argile, aux quatre Vents d'insuffler la vie en elle, à toutes les déesses de l'Olympe de la parer de tous les charmes capables d'allécher les mortels.
Cette femme, Pandore
, la plus belle qui fût jamais créée, Zeus l'envoya en cadeau à Epiméthée. Mais celui-ci, qui avait été prévenu par son frère de n'accepter aucun don venant de Zeus, s'excusa respectueusement et refusa son présent
. De plus en plus irrité
, Zeus fit enchaîner
Prométhée, nu
, à une colonne dans les montagnes du Caucase où un vautour vorace
lui dévorait le foie toute la journée. Il n'y avait pas de terme à sa souffrance, car toutes les nuits son foie se reconstituait. Mais Zeus, pour s'excuser de sa cruauté, fit circuler une histoire qu'il avait inventée : Athéna, racontait-il, avait fait venir Prométhée dans l'Olympe à cause d'une secrète aventure amoureuse
.
Epiméthée, très ému du sort de son frère, s'empressa d'épouser Pandore, que Zeus avait faite aussi sotte, aussi méchante et aussi paresseuse qu'il l'avait faite belle. Peu après, elle ouvrit une jarre, que
Prométhée avait recommandé à son frère de tenir close et dans laquelle il avait eu le plus grand mal à enfermer tous les maux capables d'affliger le genre humain : notamment la vieillesse, le travail, la maladie, la folie, le vice et la passion. Tous les maux se répandirent au-dehors en une immense nuée et piquèrent Epiméthée et Pandore sur toutes les parties du corps puis s'attaquèrent aux mortels. Cependant la trompeuse Espérance (voir le post N.º 285,
La legende d’Elpis/Spes, dans cette série), que
Prométhée avait aussi enfermée dans la jarre, les dissuada, par ses mensonges, d'un suicide général.
Un jour, Héraclès (Hercule)
atteignit les montagnes du Caucase où
Prométhée avait été enchaîné tandis que le vautour lui arrachait le foie. Zeus s'était repenti de lui avoir infligé ce châtiment, car
Prométhée l'avait, depuis, averti amicalement de ne pas épouser Thétis, de crainte qu'elle n'engendrait quelqu'un qui serait plus puissant que lui, et, à présent qu'Héraclès intercédait pour le pardon de
Prométhée, Zeus l'accorda. Cependant, comme il l'avait un jour condamné à un châtiment éternel, Zeus stipula que pour donner l'impression d'être toujours prisonnier, il devrait porter une bague faite du métal de ses chaînes et sertie d'une pierre du Caucase, et ce fut la première bague sertie d'une pierre.
Mais les souffrances de
Prométhée devaient durer jusqu'au jour où un immortel descendrait de son plein gré au Tartare, à sa place ; aussi Héraclès rappela-t-il à Zeus qu'il tardait à Chiron (voir le post N.º 50,
La legende de Chiron, dans cette série) de se libérer de son don d'immortalité depuis qu'il souffrait d'une blessure incurable. Ainsi n'y avait-il plus d'obstacle et Héraclès, invoquant Apollon, abattit le vautour d’une flèche au cœur et délivra
Prométhée.
Prométée aurait eu la descendance suivante : de Pandore, Hésione ou Axiothea, is aurait été le père de Deucalion ; de Pyrrha ou Clyméné, il eut Hélène (voir le post N.º 437,
La legende d’Hélène, dans cette série), et, selon une autre version, aussi Deucalion ; et, de Celaenos (voir le post N.º 153,
La legende de Celaenos), fut le père de Lycos et Chimaereus.
L’histoire de
Prométhée a servi de sujet à quelques embémistes, comme les suivants :
André Alciat,
Emblèmes (1549)
Ce qu’est sur nous, est rien à nous. https://2img.net/r/ihimizer/v2/320x300q90/839/alciatpromthe0001.pngAu mont Caucas Prometheus estaché
Ha foye, & coeur par ung Aigle arraché,
Et se repent d’avoir l’homme formé,
Damnant le feu par larcin allumé.
Des sages sont rongez coeurs curieux,
Voulans savoir la volunte des Dieux.
Les gens trop curieux, en occulte philosophie, comme
Astrologie judiciaire, Magie, & toute mantie, ou
menterie hont le coeur rongé par sollicitude, trop
affix, & estachéz à leur inquisition secrete.
Aneau, Barthélemy,
Imagination poétique (1552)
CURIOSITE EST A FUYR.https://2img.net/r/ihimizer/v2/320x229q90/547/aneaupromthe0001.pngLaisse de Dieu les occultes secretz.
Et d’enquerir des haulx cieux les degrez
Ne vueilles point haulte science avoir,
Plus que ne doibt homme mortel savoir.
Car prometheust’advertit de ce cas.
Qui est lié dessus le mont Caucas.
Pour le hault Ciel avoir voulu cercher:
Et feu celeste en ferule cacher.
A qui le cueur ronge une Aigle affamée:
Tousjours la playe apres le coup fermée.
Tant que la chair, qui se reforme entiere:
Donne aux tourmens suffisante matiere.
Car promethee en Grec, c’est Providence.
Rongeant le cueur par sens d’oultrecuydance.
Et l’Aigle en Grec, a le nom, & figure
De ce que plus mange le cueur: c’est Cure.
Boissard, Jean Jacques,
Emblèmes latins (1588)
LA MAJESTE DE DIEU
est à tous inscrutable.https://2img.net/r/ihimizer/v2/320x210q90/21/boissardpromthe0001.pngIl est bien dangereux d’esplucher trop avant
L’inscrutable secret de la saincte parolle.
Il faut discretement entrer en ceste escolle;
Ou le plus curieux se faict le moins sçavant.
Et ceux sont opprimez de la gloire souvent
Qui sondent trop de prés, d’une esprouvette molle,
La Majesté de Dieu. Les mysteres du pole
Nostre humaine raison vont tousjours decevant.
Promethé pour avoir l’ame trop curieuse,
Endure sur Caucas la pince furieuse
De l’Aigle, qui se paist de son coeur renaissant.
Contentons nous d’avoir la permise science
De ce qui n’est caché. Du surplus, l’ignorance
Est sainctement loüable; & plaist au tout-puissant.
Voici quelques liens pour cette légende :
http://mythologica.fr/grec/promethee.htmhttp://mythologica.fr/grec/promethee2.htmhttp://www.mythindex.com/greek-mythology/P/Prometheus.html (en anglais)
http://www.theoi.com/Titan/TitanPrometheus.html (en anglais)
http://www.maicar.com/GML/Prometheus1.html (en anglais)