Je vais vous présenter ici quelques imitations radiées particulières provenant de ma collection. Elles vont nous permettre d'émettre des hypothèses quant au travail des graveurs de coins au sein de ces officines locales qui ont frappé ce
monnayage d'imitation.
La première monnaie est une imiation de Tétricus :
La particularité se trouve au revers : la légende est relativement correcte : SALV AVGG, il ne manque que le "S" de Salvs, ... oui mais voilà, ce n'est pas Salus qui est représentée, mais Spès, l'Espérance !
Au sujet du travail du graveur, nous pouvons envisager deux hypothèses :
-Soit le graveur savait lire et écrire et il a gravé une légende qui lui était familière sans se préocuper du type représenté.
-Soit le graveur a recopier une monnaie su type SPES AVGG, mais la légende de celle-ci étant hors du flan, il a recopié une légende sur une autre monnaie (SALVS AVGG).
La seconde monnaie est égallement une imitation d'un antoninien de Tetricus I :
Sa particularité est proche de celle du premier exemple, au revers différents types ont été compilés pour obtenir un nouveau type.
Ce revers est extrêmement intéressant, en ce sens qu'il est une composition de trois types différents. La légende tout d'abord "CONSECRATI" (avec "N" rétrograde), fait référence à un monnayage de consécration, or, la figure représentée, et l'avers ne colle pas du tout avec un tel monnayage. Il est probable que le graveur a voulu représenter le type COMES AVG avec la victoire, présente d'ailleur sur notre monnaie, mais voilà, le celator a méllangé le type de la victoire avec le type de Salus, en ajoutant un autel à ses pieds et en confondant la couronne avec une patère.
Encore une fois nous pouvons imaginer l'hypothèse du graveur sachant lire et écrire et qui fait une composition originale en hybidant les caractéristiques de trois types de revers. Dans l'autre cas, nous pouvons imaginer que trois monnaies différentes et probablement bien usées on été utilisés comme modèle, ces monnaies étant elle-même peut-être également des imitations.
Ainsi, nous voyons, que les légendes peuvent avoir une signification qui ne colle pas du tout avec le type. Ceci peut parraitre sans réelle importance, mais nous avons mis en évidence le fait que les compilations de types et de légendes ne sont pas rare au sein du monnayage local.
Dans ce contexte, que penser des imitations de Tétricus II sur lesquelle il porte le titre 'Auguste ?
Il n'est pas certain que Tetricus II ait jamais porté le titre d'Auguste. Aucun spécimen de monnaie sortie d'un atelier officiel sur lequel Tétricus II porterait le titre d'Auguste n'est connu. Un exemplaire conservé à Oxford est en fait un faux moderne.
Or, un certains nombre d'imitations radiées montrent le portrait de Tetricus II avec le titre d'Auguste. Ceci a conduit divers spécialistes à présumer de l'existance d'un modèle original.
Malgré le nombre impressionnant de trésors contenant des milliers de monnaies de toutes les émissions du règne de Tétricus, aucun exemplaire n'est venu au jour. Dans le même temps, Domitien II, un usurpateur de la même période, est aujourd'hui connu par deux monnaies. Remarquons que nous ne connaissons aucune imitation radiée copiant une monnaie de Domitien II.
Alors si les antoninien de Tetricus II Auguste existent, il faut admettre qu'ils sont de la plus haute rareté, plus rare encore que le sont les antoniniens de Domitien II. Et malgré celà, ils auraient été suffisament copiés pour que nous connaissions plusieurs imitations de ces monnaies... et toujours aucune de Domitien II !
Ainsi, nous pouvons penser que Tétricus n'a jamais été Auguste, et qu'aucune de ses monnaies officielles n'a été frappée avec ce titre. Il est bien plus probable en effet, à la lumière des deux exemples sur lesquels nous avons débatu plus haut, qu'il s'agisse de compilations de types et de légendes imitées de monnaies différentes.