Ma collection de romaines

Extraordinaire revers!

Pescennius a écrit:

Superbe revers !

Oui, revers intéressant. Sur le mien, le monument de gauche est un aqueduc, variante rare du type.
Normalement, c'est un arc de triomphe, comme sur ce bel exemplaire vendu en 2018 (pas à moi):




Ce revers est généralement présenté comme un pont sur le Méandre, mais je pense qu'il s'agit plutôt d'un des 5 ponts enjambant l'Oronte, et plus précisément celui qui menait au circus:



Extrait de "Antioche de Syrie - pour un nouveau plan urbain de l'ile de l'Oronte (ville neuve) du IIIème au Vème siècle.", Grégoire Poccardi, Persée.

Gallien a peut-être fait construire ce nouveau pont, ce qui expliquerait ce thème repris sur son monnayage.

Faudrait-il alors ré-attribuer ce monnayage colonial à Antioche de Syrie ? Cela semble difficile pour un ce monnayage colonial, au localisme assumé et compte tenu du contexte historique, du style, et des exemplaires qui lient la cité d'Antioche du Méandre à celle d'Aphrodisias, toutes deux situées dans la province de Carie.

AMICTVS a écrit:

Faudrait-il alors ré-attribuer ce monnayage colonial à Antioche de Syrie ? Cela semble difficile pour un ce monnayage colonial, au localisme assumé et compte tenu du contexte historique, du style, et des exemplaires qui lient la cité d'Antioche du Méandre à celle d'Aphrodisias, toutes deux situées dans la province de Carie.

Tu as sans doute raison, mon romantisme m'égare... à moins que ce ne soit autre chose lol

Marius, AGK 3b var, rare variété à légende inversée au revers. RIC -, Elmer -, AGK -, Cunetio -


Voir sujet ici: https://www.forumfw.com/t22367-marius-variete-inedite-de-l-agk-1a#315348

Je viens de recevoir le Marius: autant il est moche en photo, autant il est superbe en main, avec 70 à 80% d'une magnifique argenture bien brillante ! C'est fou comme on peut dévaloriser une monnaie par une mauvaise photo...

C'est tout bon pour toi alors !
(surtout pour une monnaie aussi rare !)

Tacite: très rare exemplaire de la très courte 9ème émission lyonnaise, ignorée par le RIC, dont on pense qu'elle fut frappée début juillet 276, alors que Tacite était déjà mort et que la nouvelle n'était pas encore parvenue à Lyon.

Bastien ne connaissait en tout que 8 ex pour cette 9ème émission, sous 2 réf: 122 (SPES PVBLICA, officine II) et 123 (PAX AVGVSTI, officine IIII).

Elle se caractérise par des chiifres latins en exergue et l'absence de signes dans le champs: ce prototype sera repris par les 3 émissions de Florien et les 8 premières émissions de Probus.

Même paire de coins que Bastien 123a (= BNC 1546)






Tacite, Lyon, courte 4ème émission (février 276), RIC 25, Bastien 70 (10 ex). Se caractérise par son exergue ponctuée.




Tacite, Lyon, RIC 63, Bastien 121. 8ème émission et première à porter les chiffres latins. Poids lourds (5 g)

Tacite, Lyon, RIC 45, Bastien 34.
Légende de revers fortement erronée: d'abord gravée "PRX PVBLICA", on a ensuite ajouté un petit "A" entre le P et le R !

Preuve de la relative inexpérience du personnel de ce jeune atelier, lors de cette 1ère émission. Le portrait montre d'ailleurs qu'on a affaire à un coin de début d'émission.

S. Estiot a noté une autre erreur de légende: PVLICA (Bastien 34g)

Sympa cette erreur....!!

Du coup la golfeuse du revers, elle est sur un PAR X public ...??!!

S. Estiot a noté une autre erreur de légende sur 2 ex (PVLICA, Bastien 34g et un ex. de Vienne), ainsi que 2 erreurs de titulature sur 4 exemplaires, soit un taux de monnaies fautées de 6% sur cette référence !

Singulièrement, il n'y a aucune erreur erreur sur les 103 exemplaires d'Aurélien de sa base, alors que l'atelier venait d'ouvrir !

Voici mon exemplaire de la titulature erronée RIC 69var  IMP C CI

J'ai fait une analyse des erreurs de graveurs sur cette 1ère émission de Lyon pour Tacite.

Il est frappant de constater combien elle fut affectée, plus particulièrement dans sa première phase.

Je pense que l'équipe de graveurs sous Aurélien s'est dispersée pendant l'interrègne, alors que l'activité de l'atelier était suspendue. Lors de la reprise, ils ont fait avec ce qu'ils ont trouvé, avec un contrôle déficient: ce n'est que dans une seconde phase (titulatures avec P F) que les erreurs disparaissent, alors que la qualité est mieux maîtrisée.

D'ailleurs, les émissions suivantes sont exemptes de fautées.

Retour à l'atelier provisoire d'Emèse pour ce Septime Severe RIC 435 avec faute peu banale à la légende de revers: COS ΓΙ

On retrouve la même faute sur:

- cet exemplaire du British Museum (coin différent): https://www.britishmuseum.org/collection/object/C_1997-1203-54
- ou celui-ci de la coll. Murphy: http://bpmurphy.ancients.info/images/Severan/Emesa/10660.jpg

Il semble que ce soit relativement récurrent sur ce type. La ponctuation de la légende est par ailleurs très aléatoire d'un coin de revers à l'autre... On sent un travail très artisanal et peu contrôlé, du fait des circonstances de cette campagne contre son usurpateur... C'est ce qui en fait son attrait pour moi.

Même paire de coins que ce bel ex. de la coll. Murphy: http://bpmurphy.ancients.info/images/Severan/Emesa/10625.jpg

Mon exemplaire de la RSC 658 présente aussi cette particularité:
http://septimus-coins.blogspot.com/2011/07/une-monnaie-au-trophee-de-latelier.html

On retrouve aussi cela sur la RSC 657b selon une note de l'ouvrage.

septimus a écrit:

Mon exemplaire de la RSC 658 présente aussi cette particularité:
http://septimus-coins.blogspot.com/2011/07/une-monnaie-au-trophee-de-latelier.html

On retrouve aussi cela sur la RSC 657b selon une note de l'ouvrage.

Merci pour cette remarque, qui me fait découvrir ton très riche blog ! Je vais m'y plonger avec délectation...

Cette lecture m'aura été utile pour attribuer ma nouvelle entrée à l'atelier que d'aucuns situent à Emesa, sa ville natale:

Julia Domna, RIC 616A. Revers CERER FRVG




J'ai trouvé dans les bases beaucoup de liaisons de coins avec ma monnaie, qui confirment le caractère rare de ces types pour Julia Domna d'Emèse :

- Même paire de coins que l'exemplaire du British Museum: https://www.britishmuseum.org/collection/object/C_1979-0614-33

et même coin de droit que:

- les exemplaires des coll. Murphy (SEV-461) et R. Mc Alee, qui partagent entre eux le même coin de revers:

http://bpmurphy.ancients.info/severan/jdemesa1.htm

https://www.coryssa.org/3287822/current_civ/roman_emperor/subcategory_id/91/page/0/period/roman_emperor/country_not_like/eBay/search_description/on/keywords/emesa/search2/yes/date_to/2021-04-27/use_checkboxes/0/period/roman_emperor/

- 2 exemplaires du RIC 620 (FELICITAS TEMPOR), qui partagent entre eux le même coin de revers:

https://www.coryssa.org/2124548/current_civ/roman_emperor/subcategory_id/91/page/0/period/roman_emperor/country_not_like/eBay/search_description/on/keywords/emesa/search2/yes/date_to/2021-04-27/use_checkboxes/0/period/roman_emperor/

https://www.coryssa.org/1320954/current_civ/roman_emperor/subcategory_id/91/page/0/period/roman_emperor/country_not_like/eBay/search_description/on/keywords/emesa/search2/yes/date_to/2021-04-27/use_checkboxes/0/period/roman_emperor/

- 3 exemplaire RIC 629 ( SAECVLI FELICIT) de l'Université de Göttenberg, de la coll. Murphy (SEV-428) et de la coll. A. Lynn, deux d'entre eux partageant le même coin de revers :

https://www.kenom.de/id/record_DE-MUS-062622_kenom_156963

https://www.coryssa.org/1081075/current_civ/roman_emperor/subcategory_id/91/page/0/period/roman_emperor/country_not_like/eBay/search_description/on/keywords/emesa/search2/yes/date_to/2021-04-27/use_checkboxes/0/period/roman_emperor/

- Deux exemplaires RIC 628 (MONETA AVG) du British Museum et de la coll. R. Mc Alee, qui partagent entre eux le même coin de revers :

https://www.britishmuseum.org/collection/object/C_1979-0614-33

https://www.coryssa.org/3287827/current_civ/roman_emperor/subcategory_id/91/page/0/period/roman_emperor/country_not_like/eBay/search_description/on/keywords/emesa/search2/yes/date_to/2021-04-27/use_checkboxes/0/list_order/date/list_order_dir/desc/period/roman_emperor/


Ainsi, 11 exemplaires publiés ou issus de ventes partagent le même coin de droit, pour 4 types de revers. C'est un peu plus que le nombre moyen d'exemplaires issus d'un même coin qui arrivent généralement à nous, pour les monnaies romaines (8 à 10), de sorte qu'on ne devrait guère en trouver d'autres.


On retrouve, sur certains de ces exemplaires partageant ce droit, le "F" caractéristique d'Emesa, qu'on voit sur des exemplaires de Septime Sévère:



Enfin, le style discret et soigné du buste vient confirmer l'attribution à cet atelier plutôt qu'à Laodicea ad Mare.

Ma seconde provinciale, du fils cette fois-ci (Geta):

H&J Serdica 12.22.4.3 var.; Varbanov 2553 var ; Mouchmov 459-461 var, Ruzicka 438 var

Ex coll. Jack A. FRAZER (acquise chez CNG en 2002). Qualité de gravure rare pour une provinciale ! 30 mm, 16 g

Le buste en nudité héroïque (O*2) dégage une impression de puissance sereine, avec un beau visage de jeune adulte, tandis que le revers nous réserve une Athéna de toute beauté, digne des monnaies grecques d'un demi-millénaire plus anciennes, et en tout cas de celles du Haut Empire ! A noter: son index droit nous désigne le ciel.




Même attitude qu'au revers du denier d'Hadrien RIC 330 (y compris le doigt), et certains deniers de Marc Aurèle et Caracalla:






Cet exemplaire présente une variante du type référencé: Athéna est inversée.

Sur le type référencé, elle est tournée à gauche, comme sur l'exemplaire du Musée de Berlin (qui a omis le rhô dans SERDICA):

Joli bronze provincial

Trois Plautille RIC 369. Pourquoi trois? A cause d'une certaine louve...

Vous constaterez que le bouclier de Vénus est décoré dans les 3 cas de la louve mytique de Rome, dans 3 configurations:

- louve à droite, sans Romulus ni Remus;
- louve à gauche, avec l'un des deux enfants (même paire de coins que vente Leipziger Münzhandlung und Auktion Heidrun Höhn de 2009)
- louve symbolique









L'examen de quelques 300 exemplaires de ce RIC 369 dans ACSearch m'a conduit aux constats suivants:

1- environ 15% des ex. présentent une décoration sur le bouclier, lisse sur les autres
2- il s'agit toujours de la louve romaine
3- cette louve est représentée de façon frustre, voire carrément symbolique
4- elle est à droite ou à gauche (à peu près le même nombre d'ex. dans les 2 configurations)

Sur mon premier exemplaire, on distingue bien les deux pattes arrières et une patte avant.

Voici l'ensemble des boucliers décorés observés dans ACSearch, ainsi que dans les ventes en cours:

A- Louve à droite:





B- Louve à gauche:





C- Représentation symbolique de la louve:

Ah oui c'est bien vu A force d'être copié le décor du bouclier est devenu incompréhensible

elagabale2000 a écrit:

Ah oui c'est bien vu A force d'être copié le décor du bouclier est devenu incompréhensible

Ou bien on a affaire à 2 types de graveurs: les fainéants et les autres !

Toujours Plautille, cette fois-ci dans le type intriguant PIETAS à l'enfant. RIC 367.
Choisie pour la mise en valeur inhabituelle de l'enfant.




Aucun chroniqueur de l'époque ne rapporte une maternité de Plautille, mais ils soulignent la mésentente  (et même la haine) qui régnait au sein du couple, de sorte qu'on en a déduit que l'alliance avait été stérile.
La propagande impériale n'a cessé de prétendre à une harmonie conjugale au travers de ses revers de type CONCORDIAE, CONCORDIAE AETERNAE, CONCORDIA FELIX, CONCORDIA AVGG, PROPAGO IMPERI (énergie probablement négative...), VENVS VICTRIX (accompagnée de Cupidon...), mais on sait -jusqu'à nos jours - combien le pouvoir pour reconstruire les réalités dans son discours. Comme disait Coluche: "il ne faut pas dire la vérité à la télé, trop de gens la regardent !".

Pourtant, ce revers à l'enfant DANS LES BRAS, et non debout (comme on peut le voir sur d'autres allégories PIETAS d'autres princesses), laisse entendre qu'il y eut une naissance.

Ainsi, Jean Gagé a émis cette hypothèse dans une très intéressante communication à l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, en 1934:  
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1934_num_78_1_76457

S'appuyant sur ce revers et un passage d'inscriptions mal décryptées relatives aux jeux séculaires de 204, qu'il reconstitue ("saecvlares agantvr: nascetvs ergo Antonino filivs"), il déduit que la naissance d'un fils de Caracalla serait advenue en 203, quelques mois avant les Jeux (d'où cette inscription), mais qu'il serait mort en bas âge.

J'ajouterai que le revers "HILARITAS" pourrait constituer un autre indice de cette joie d'une (éphémère) postérité au sein de la famille impériale... de même que les cheveux crépus de l'enfant sur le revers de ma monnaie, dignes de cette lignée !

Il s'agit peut être de vœux pour une naissance, la piété devant aider à réalise ce souhait ?

elagabale2000 a écrit:

Il s'agit peut être de vœux pour une naissance, la piété devant aider à réalise ce souhait ?

Vu de notre époque, ce pourrait être, et j'y avais pensé comme toi, mais à la réflexion, j'ai conclu que ce n'est pas un message suffisamment positif pour une propagande impériale de l'époque: le couple était très jeune, on n'avait pas à prier pour qu'il procrée... Je suis plutôt l'avis de Gagé. Il n'est d'ailleurs pas impossible que cet enfant ait été illégitime, et que ce fait fut tenu secret jusqu'à l'exécution de Plautien et l'exil de sa fille, en 205, ne serait-ce que pour ne pas gâcher les jeux séculaires de 204 ! L'enfant - s'il en fut - aura sans doute été exécuté quelque part entre les jeux séculaires et l'exil de sa mère: on ne faisait guère de sentiments, à l'époque...